Algoneurodystrophie
L’algodystrophie, encore appelée l’algoneurodystrophie ou le syndrome douloureux local complexe, se définit par l’apparition et l’évolution d’un syndrome douloureux au niveau d’une ou plusieurs zones d’articulation. Le plus souvent, elle survient après un traumatisme ou une intervention chirurgicale et évolue en deux phases distinctes, une phase chaude et une phase froide. Dans la majorité des cas, elle disparaît d’elle-même au fil du temps, mais peut aussi nécessiter une prise en charge pluridisciplinaire et un programme de rééducation spécifique lorsqu’elle devient chronique.
Les phases de l’algodystrophie
L’algodystrophie est liée à une mauvaise activité du système nerveux végétatif et à une modification des fonctions du système vasculaire. Classiquement, l’algodystrophie peut se diviser en trois phases : la phase chaude, la phase froide et la phase chronique. La phase chaude correspond à une phase dite "inflammatoire". Cette phase est liée au fait que les vaisseaux n’arrivent plus à se contracter normalement, ils restent dilatés plus longtemps, ce qui engendre une inflammation. On retrouve alors une douleur articulaire et des signes vasomoteurs et inflammatoires. Dans la phase froide, l’articulation se refroidit et l’articulation tend à se raidir. Quand les signes s’installent dans la durée, on parle de phase chronique.
- Les causes de l’algodystrophie
L’algodystrophie s’installe généralement à la suite d’une blessure ou un traumatisme (comme une entorse ou une luxation) ou à la suite d’une intervention chirurgicale (comme une opération du canal carpien par exemple). Il semble qu’à la suite de ces évènements, la vasomotricité de certains vaisseaux soit altérée (à cause notamment d’une perturbation en amont du système nerveux végétatif). Les vaisseaux ne pouvant plus se contracter normalement, il s’ensuit une dilatation trop importante qui conduit à l’inflammation. Il est à noter que dans 20 % des cas, il n’existe pas de cause connue à l’algodystrophie.
- Les facteurs de risque de l’algodystrophie
Il existe plusieurs facteurs de risque pour l’algodystrophie. Les personnes particulièrement anxieuses sont plus à risque de souffrir d’algodystrophie. Le risque de souffrir d’algodystrophie augmente également en cas de rééducation inappropriée (trop brutale ou non efficace) après une intervention chirurgicale. Une immobilisation trop longue peut également faire partie des facteurs de risque de souffrir d’une algodystrophie.
Les critères du Diagnostic
- L’existence d’un événement nociceptif initiateur ou d’une cause d’immobilisation;
- Une douleur continue, allodynie (stimulus auparavant indolore devenu douloureux) ou hyperalgésie (telle que la douleur est disproportionnée par rapport à tout stimulus déclenchant);
- L’apparition, à un moment ou un autre, d’un œdème, d’une altération de la vascularisation cutanée ou d’une anomalie de l’activité sudoromotrice dans la zone douloureuse;
- Ce diagnostic est éliminé par l’existence d’autres états qui pourraient rendre compte par un autre diagnostic du niveau de douleur et d’impotence.
Tout syndrome douloureux au niveau d’une ou plusieurs articulations, associé à des troubles psychiques (dépression, anxiété, stress, …), doit amener le médecin à envisager un diagnostic d’algodystrophie, surtout s’il identifie un événement causal ou une circonstance de survenue.
Diagnostic et traitements de l’algodystrophie
Le diagnostic de l’algodystrophie repose sur plusieurs aspects complémentaires, car aucun examen médical spécifique ne permet d’emblée de confirmer le diagnostic :
- Un interrogatoire du patient (état de santé, antécédents personnels et familiaux, état psychique, traumatisme récent, …) ;
- Une auscultation clinique mettant en évidence la réaction inflammatoire, la réduction des capacités fonctionnelles, l’hypersensibilité à la douleur, … ;
- Des examens complémentaires qui peuvent regrouper :
- Une radiographie standard de la zone douloureuse : la radiographie est normale en phase chaude d’algodystrophie, mais des indices de déminéralisation peuvent apparaître dans les formes froides ou chroniques ;
- Une IRM de la zone touchée ne permet généralement pas de confirmer l’algodystrophie ;
- L’ostéodensitométrie permet d’évaluer la densité minérale osseuse et d’éliminer une ostéoporose ;
- La scintigraphie osseuse est généralement requise pour confirmer le diagnostic, mais n’est pas un examen spécifique de cette atteinte articulaire.
La prise en charge de l’algodystrophie est nécessairement pluridisciplinaire, impliquant notamment :
- Une rééducation fonctionnelle, coordonnée par un médecin spécialiste (rhumatologue, médecin du sport, …) et un kinésithérapeute :
- Une rééducation associant soins de balnéothérapie et séances de kinésithérapie ;
- Un drainage lymphatique ;
- Des techniques de physiothérapie ;
- La cryothérapie (applications de courte durée d’un froid intense) ou au contraire des séances de réchauffement en particulier pour les formes froides ;
- Un programme d’activité physique adapté (le repos strict n’est pas recommandé) ;