Leffet du bruit sur la santé
Exposition au bruit
Dans notre environnement quotidien, le bruit est produit par une large variété de sources sonores parmi lesquelles les transports occupent une part prépondérante. Le bruit des avions, par exemple, est souvent incriminé de par sa spécificité et son impact important alors qu’il est très circonscrit. Le bruit des transports terrestres, quant à lui, est quasi permanent et touche des zones très étendues, notamment urbaines. Toutefois, les intensités de bruit élevées se rencontrent à proximité des sources sonores et elles s’atténuent avec la distance. La meilleure protection consiste donc à s’en éloigner ou à créer des barrières physiques entre les sources et les populations exposées. On peut donc dire que, contrairement à d’autres types de pollution, l’exposition au bruit est très inégalitaire car limitée à des zones bien circonscrites.
Effets immédiats de la perturbation du sommeil
La mise en évidence de la perturbation du sommeil implique la survenue de modifications des valeurs habituelles des indicateurs physiologiques sous l’effet du bruit et le retour à la normale de ceux-ci en l’absence de ce dernier. Aux modifications de ces indicateurs propres au sommeil, on peut également associer les modifications des variables physiologiques végétatives mesurées.
* Réduction du temps de sommeil
Le temps total de sommeil peut être diminué par un allongement de l’endormissement, par des éveils nocturnes prolongés, ou encore, par un éveil prématuré non suivi d’un nouvel endormissement. Il a ainsi été montré que des bruits intermittents ayant une intensité maximale de 45 dB(A) et au-delà, peuvent augmenter la latence d’endormissement de quelques minutes à près de 20 minutes. Les éveils « intra-sommeil » apparaissent dans tous les stades de sommeil avec des seuils variables mais, pour un stade donné, ces seuils d’éveil diminuent au fur et à mesure que le temps cumulé de sommeil augmente. De ce fait, lors des heures matinales, les bruits ambiants peuvent plus facilement réveiller un dormeur et l’empêcher de retrouver le sommeil. Ce réveil prématuré peut être à l’origine d’une forte réduction du temps de sommeil total.
* Modifications de la structure interne du sommeil
Bon nombre des effets du bruit ne sont décelables qu’à l’aide des enregistrements physiologiques pratiqués sur le dormeur qui restent des moyens réservés aux seuls laboratoires.
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Éveils nocturnes
Comme nous l’avons vu précédemment, le bruit peut provoquer des éveils au cours du sommeil et la durée de ceux-ci peut être extrêmement variable. L’intensité du bruit nécessaire pour éveiller le dormeur dépend notamment du stade de sommeil dans lequel se trouve celui-ci. Ainsi, le seuil d’éveil (ou l’intensité sonore provoquant celui-ci) est beaucoup plus élevé dans les stades de sommeil à ondes lentes (stades 3 et 4, souvent qualifiés de sommeil profond) que dans les stades 1 et 2 . Quant au seuil d’éveil observé en sommeil paradoxal, il est extrêmement variable. Plus que dans tout autre stade de sommeil, la signification même du stimulus joue un grand rôle dans la probabilité d’observer un éveil en sommeil paradoxal. Ainsi, dans ce stade de sommeil particulier, le dormeur réagit plus facilement à l’appel de son nom ou de celui d’un proche qu’à l’appel du nom d’une personne qui ne lui est pas familière. De la même façon, le bruit d’une alarme peut réveiller plus facilement le dormeur qu’un bruit neutre ayant les mêmes caractéristiques physiques. Ces observations indiquent que la réaction d’un dormeur à une stimulation sonore n’est pas toujours proportionnelle à l’intensité de la stimulation et que la signification de celle-ci est parfois plus importante que ses caractéristiques physiques.
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Changements de stades de sommeil
Sous l’effet du bruit, il peut survenir des changements immédiats dans la structure interne du sommeil et notamment des changements de stades qui se font toujours dans le sens d’un allègement de celui-ci. Ces modifications ne sont pas consciemment perçues par le dormeur et il faut utiliser des enregistrements polygraphiques pour pouvoir les mettre en évidence. Ces changements de stades (souvent accompagnés de mouvements corporels) se font au détriment des stades de sommeil les plus profonds et au bénéfice des stades de sommeil les plus légers. La quantité de sommeil à ondes lentes peut être sensiblement réduite chez le jeune dormeur soumis à des bruits au cours de son sommeil . Il a également été montré que la rythmicité interne du sommeil paradoxal peut être notablement perturbée lors d’une exposition nocturne au bruit. Ainsi, l’instabilité du sommeil provoquée par le bruit entraîne une fragmentation de sa structure et, par là même, un amoindrissement de sa qualité, caractéristiques que l’on peut retrouver, avec une intensité variable, dans des cas d’insomnie chronique.
Le bruit favorise le risque d'accident du travail pour plusieurs raisons
• le bruit exerce un effet de masque sur les signaux d'alerte ;
• le bruit perturbe la communication verbale ;
• le bruit détourne l'attention.
Le bruit peut aussi entraîner des effets néfastes pour d'autres fonctions que l'audition. Les effets non traumatiques du bruit se manifestent aux niveaux physiologique et émotionnel.
Troubles cardiovasculaires
Selon de nombreuses études, les troubles cardiovasculaires, en particulier l'hypertension, sont plus fréquents chez les travailleurs exposés au bruit. Ils ont tendance à augmenter avec l'ancienneté de ces travailleurs à un poste de travail bruyant. Il semble que ces troubles dépendent également du caractère prévisible ou non du bruit, du type d'activité exercée et d'autres facteurs de stress.
Stress
Le bruit peut aussi constituer un facteur de stress au travail dans la mesure où il est chronique, imprévisible et incontrôlable. La gêne liée au bruit est aussi associée à l'insatisfaction au travail, à l'irritabilité, à l'anxiété, voire à l'agressivité.
Baisse des performances cognitives
Enfin, le bruit détériore la performance des travailleurs dans les tâches cognitives, surtout lorsqu'elles sollicitent la mémoire à court terme. 45 à 55 dB(A) est un niveau sonore acceptable pour un travail nécessitant une attention soutenue.
Bruit et grossesse
Si le bruit peut provoquer des surdités chez les travailleuses enceintes, il pourrait représenter également un danger pour les fœtus. En effet, au cours des 3 derniers mois de grossesse, l’oreille interne du fœtus est particulièrement sensible aux bruits riches en basses fréquences. Or les bruits inférieurs à 250 Hz traversent facilement les barrières naturelles qui protègent le fœtus (parois abdominales et utérines, placenta et liquide amniotique) et sont donc potentiellement dangereux pour l’audition des enfants à naître