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Cancers d’origine professionnelle : Les identifier pour mieux les prévenir

Cancers d’origine professionnelle : Les identifier pour mieux les prévenir

Ces pathologies peuvent faire l’objet d’une reconnaissance en maladie professionnelle donnant droit à réparation du préjudice subi, selon des participants à la Journée régionale de la médecine du travail organisée à Tizi Ouzou.

Les cancers d’origine professionnelle sont difficiles à identifier. Leur lien avec le travail n’est pas chose aisée. En cause, ces pathologies présentent une longue période de latence d’une moyenne de 20 ans entre l’exposition et l’apparition de symptômes. «Etablir une relation directe de cause à effet entre le cancer d'un travailleur et son activité professionnelle s'avère difficile.

C'est pourquoi la reconnaissance du caractère professionnel d'un cancer résulte soit d'une présomption de l'origine professionnelle lorsque le malade remplit toutes les conditions inscrites à l'un des tableaux, ou de la reconnaissance d'un lien existant entre l'activité professionnelle du travailleur et son cancer», affirme le Dr A. Arib-Mezdad. Intervenant à l’occasion de la première Journée régionale de la médecine du travail organisée mardi dernier au CHU de Tizi Ouzou, elle a fait observer que les cancers professionnels peuvent faire l’objet d’une reconnaissance en maladie professionnelle donnant droit à réparation du préjudice subi.

Mais, ajoutera-elle, établir une corrélation entre facteurs de risque professionnels et cancers est complexe compte tenu des expositions multiples et  les processus d’exposition cumulatifs, les difficultés à évaluer les niveaux d’exposition individuels, la survenue souvent tardive de la pathologie, ainsi que la prise en compte de facteurs de susceptibilité génétique individuelle (dont les polymorphismes génétiques).

Pour étayer son constat, le Dr Arib s’est référée sur une expérience d’une consultation spécialisée. Il s’agit d’une étude menée auprès de 619 personnes actives prises en charge dans les différents services du CHU de Tizi Ouzou (oncologie, urologie, pneumologie et hématologie) de septembre 2016 à mai 2017.

Selon les statistiques de la direction de la santé en 2015, il n’a été enregistré aucune déclaration de cancer en maladies professionnelles, a fait savoir la même intervenante. «Pourquoi n’y a-t-il pas de déclaration des cancers en maladies professionnelles à Tizi Ouzou ? S’agit-il d’une méconnaissance des cancérogènes professionnels par les médecins traitants ? Ou d’une perte de vue des cas de cancer professionnels ?» s’interroge le Dr Arib.

Nombre de cas en hausse

L’analyse des données statistiques des cas reconnus de «cancers professionnels» depuis 1995 a fait ressortir une augmentation régulière en Algérie : 371 en 1995, 1379 (2001), 1810 (2011). Les agents cancérogènes incriminés sont : fumées diesel, pesticides, fumées de soudage, vapeurs d’acides, solvants organiques, huiles lubrifiantes, isocyanates, poussières de bois, chromates, amiante. «Le taux de cancers d’origine professionnelle enregistré dans notre consultation est non négligeable. Même si cette étude a connu beaucoup de limites, néanmoins elle a permis de poser un premier diagnostic de situation sur les cancers professionnels dans le CHU Tizi Ouzou et d’améliorer la connaissance sur ces pathologies», conclut le Dr Arib.

Le Dr Mohamed Habarak (CHU de Tizi Ouzou) a noté, pour sa part, la difficulté d’identifier un cancer d’origine professionnelle en raison, dit-il, de l’apparition tardive de cette pathologie après exposition à un facteur cancérogène. Etant à la retraite au moment du diagnostic, le patient n’établit pas de lien entre sa maladie et une ancienne activité professionnelle.

Pour ce spécialiste, «rien ne permet de différencier les cancers professionnels de ceux qui auraient une autre origine que l’exposition à un facteur de risque professionnel, puisque cette pathologie, quelle que soit la cause qui l’aurait déclenchée, se manifeste et se développe de la même façon, qu’elle soit d’origine professionnelle ou pas.» Abordant les secteurs d’activité à risque, il citera notamment ceux du bâtiment, les travaux publics, la métallurgie, les industries chimiques et l’agriculture (utilisation de pesticides). Il a indiqué que les cancers professionnels les plus fréquents sont notamment le cancer du poumon, de la vessie, du larynx et de la peau.

Mal identifiées, ces maladies sont encore souvent traitées avec retard. Les professionnels de la santé présents à cette rencontre régionale ont insisté dans leurs interventions sur l’importance de la prévention par le dépistage précoce et le port de moyens de protection dans les milieux de travail les plus à risque. Environ la moitié des agents chimiques et physiques, composés et procédés industriels actuellement classés cancérigènes pour l’homme par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) sont présents dans l’environnement professionnel.

El Waten



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