Téter le sein de sa mère plus de quatre mois développe les poumons
Etre nourri au sein pendant plus de quatre mois accroît le volume pulmonaire à dix ans. On peut condenser de cette façon les résultats d’une étude de la fonction respiratoire menée sur un échantillon représentatif de la cohorte de naissances de l’Ile de Wight (GB) (1).
Un millier d’enfants de cette cohorte ont passé à dix ans une spirométrie afin de mesurer leur capacité vitale forcée (CVF), leur volume expiratoire maximum seconde (VEMS) et leur débit expiratoire de pointe (DEP) et de calculer leur coefficient de Tiffeneau (rapport VEMS/CVF). Comme ils étaient suivis depuis la naissance, il a été possible de les répartir en quatre groupes selon qu’ils avaient été allaités moins de 2 mois (n=243), entre 2 et 4 mois (n=142), au moins 4 mois (n=374) ou pas du tout (n=196).
Les différences moyennes de CVF, VEMS, DEP et VEMS/CV entre les sujets allaités plus ou moins longtemps et les sujets non allaités ont été évaluées avec des modèles linéaires généraux ajustés pour plusieurs covariables. Elles ne se sont révélées significatives que si l’allaitement avait duré 4 mois ou plus.
Comparés à ceux qui n’ont pas été allaités, les enfants nourris au sein ≥ 4 mois ont en effet une CVF nettement supérieure à dix ans (de 54 ± 21 ml, p=0,01). Ils ont aussi un VEMS et un DEP plus élevés (de 39,5 ml, p =0,05, et de 180,8 ml/s, p=0,006, respectivement), mais un rapport VEMS/CVF similaire ; ce qui suggère que l’augmentation des débits résulte de celle de la CVF. Après ajustement sur la CVF, seul le DEP reste élevé (p=0,04). L’interaction éventuelle d’un asthme ou d’une atopie de la mère avec l’effet du lait maternel est éliminée pour les trois durées d’allaitement. Il faut noter que toutes les mères étaient non fumeuses.
Ainsi, un allaitement prolongé accroît la capacité vitale des poumons à dix ans, sans favoriser une obstruction bronchique en cas d’asthme ou d’atopie maternels. Contrairement à ce que suggérait le travail de TW Guilbert et coll. (2), des antécédents d’asthme ou d’atopie chez la mère ne semblent pas justifier un sevrage précoce.
Pour expliquer l’accroissement du volume pulmonaire, les auteurs invoquent le rôle de facteurs contenus dans le lait maternel ou tout simplement celui de la succion du sein. Téter au sein demande en effet un effort de succion plus intense et plus soutenu qu’au biberon, l’équivalent d’un « training respiratoire » !
1) Ogbuanu IU et coll. : Effect of breastfeeding duration on lung function at age 10 years : a prospective birth cohort study. Thorax 2009 ; 64 : 62-66
2) Guilbert TW et coll. : Effect of breastfeeding on lung function in childhood and modulation by maternal asthma and atopy. Am J Respir Crit Care Med 2007 ; 176 : 843-848