Un cancer oesogastrique avec une lame dascite à léchoendoscopie est le plus souvent inopérable
Avant d'envisager d'opérer un cancer oesophagien ou gastrique (KOG), un bilan d'opérabilité s'impose ; le scanner en constitue la 1ère étape pour mettre en évidence par exemple les métastases hépatiques, mais l'échoendoscopie (EE) en est un nécessaire complément car c'est l'examen le plus performant pour dépister des épanchements intrapéritonéaux modérés (EIM).
Entre 2002 et 2006, 802 malades porteurs de KOG ont subi une EE précisant la présence ou l'absence d'une ascite minime. La sonde a été placée, sous neuroleptanalgésie, dans l'estomac ou au-dessus de la sténose oesophagienne si celle-ci était infranchissable. Avant l'intervention pour les malades réputés opérables, on a encore fait une coelioscopie à la recherche de métastases qui seraient passées inaperçues au scanner, ainsi qu'un bilan de l'état général. Les données de l'EE ont été classées selon la classification internationale de l'Union Internationale Contre le Cancer de 2002.
Parmi les 802 patients, 67 avaient un EIM sur l'EE, mais 46 d'entre eux étaient inopérables (métastases, ou tumeur trop étendue localement) ainsi que l'ont montré les résultats du scanner connus ultérieurement. Les 21 EIM restants accompagnaient 3 fois une tumeur de la jonction œsogastrique et 18 fois des cancers de l'estomac (jamais des cancers de l'oesophage). Dans 11 cas (52 %), d'autres lésions ont été découvertes à la coelioscopie (métastases hépatiques, péritonéales, ou épiploïques) qui contre-indiquaient tout geste à visée curatrice, mais, curieusement, la coelioscopie n'a retrouvé l'EIM que 4 fois.
Pour les 10 derniers patients, (chez lesquels l'ascite n'a été constatée à la coelioscopie qu'une fois), la cytologie péritonéale systématique a toujours été négative. Cinq d'entre eux n'ont pu bénéficier d'une chirurgie curative car, lors de l'intervention à ciel ouvert, on a trouvé, pour deux d'entre eux, des métastases épiploïques (chirurgie palliative) et chez les 3 autres des envahissements hépatique, pancréatique ou péritonéal qui ont contraint à une laparotomie blanche.
Ainsi seuls 5 patients sur 21 (24 %) ont pu bénéficier d'un geste à visée curative (chirurgie seule ou précédée de chimiothérapie) ; ce pourcentage se compare défavorablement à celui des 56 patients sur 106 (53 %) sans ascite qui ont pu bénéficier d'un tel geste.
Dans trois quarts des cas, les malades porteurs de cancer œsogastrique chez lesquels on retrouve une lame d'ascite à l'EE ne sont pas opérables.
Sultan J et coll.: Endoscopic ultrasonography-detected low-volume ascites as a predictor of inoperability for oesogastric cancer. Brit J Surg., 2008; 95: 1127-30.