La surdité
Une manifestation scientifique euro-maghrébine consacrée au traitement de la surdité vient d’avoir lieu les 30 et 31 mai 2007 à Sétif. Cet handicap qui touche 6 à 8 % de la population des pays développés, toucherait 70 000 personnes dans notre pays et chaque année 500 à 600 nouveaux cas de surdité profonde se rajoutent à ce chiffre selon le professeur D. Djenaoui, chef de service d’ORL du CHU Mustapha et pionnier de la mise en place des implants cochléaires en Algérie. Depuis 2003, l’équipe chirurgicale ORL du CHU Mustapha a réalisé 40 implants. D’autres services ORL du pays se sont également impliqués (Kouba, Béni Messous, Annaba etc.). Un programme national initié par le ministère de la santé et dirigé par le professeur Djenaoui prévoit la mise en place de 500 implants dans une quinzaine de centre à travers le pays.
Les différents types de surdité
On distingue quatre types de surdités.
· Le premier caractérise celles qui sont liées à un obstacle dans la transmission des sons jusqu'aux liquides de l'oreille interne : ce sont les surdités de transmission.
- Le deuxième groupe de surdités rassemble celles qui sont la conséquence d’une atteinte de l'oreille interne ou d’une lésion du nerf auditif ou des centres cérébraux: ce sont les surdités de perception. C’est les plus difficile à traiter.
- Le troisième est constitué par les surdités mixtes, qui associent un obstacle à la transmission des sons, à une atteinte plus ou moins importante de l'oreille interne.
- Les surdités profondes et totales représentent le quatrième groupe.
Rappel sur la nature du son
Entendre n'est possible, que s'il existe un son. Un son, c'est un ébranlement, une vibration du milieu ambiant, le plus souvent, celui-ci est l'air atmosphérique dans lequel nous vivons. Pour attirer l'attention de nos liquides sensibles les vibrations de l'air, vont être amplifiées pour remuer le liquide situé dans notre oreille interne, où baignent les fibres nerveuses, qui vont transmettre l’information à notre cerveau. Nos oreilles sont l'intermédiaire entre l'extérieur et notre cerveau. Elles effectuent la traduction des bruits du dehors en un langage perceptible grâce à l'organe de Corti qui transforme les messages sonores en influx nerveux qui sera transmis par le nerf auditif au cerveau.
Une vibration sonore est définie par son amplitude ou intensité (qui se mesure en décibel : l’oreille peut entendre les sons compris entre 0 et 100 db), sa fréquence (qui se mesure en hertz. On distingue les sons graves, de fréquence faible, et les sons aigus, de fréquence élevée. Mais, au-delà de 16000 Hertz, l’oreille ne perçoit plus rien : il s’agit d’ultrasons) et sa durée.
Rappel anatomique
Vue en coupe de l’oreille
L'oreille comprend trois parties (Externe, Moyenne, Interne) .L'oreille externe est faite du pavillon un peu en forme d'entonnoir et du conduit auditif externe qui lui fait suite. L'oreille moyenne, située au fond de ce conduit est remplie d'air et contient le tympan et la chaîne des osselets. L'oreille interne est beaucoup plus profonde dans l'épaisseur de l'os de la base du crâne : le rocher.
L'oreille externe
Le pavillon est fait de cartilage recouvert d'une peau fine et sensible nous aide à deviner de quel côté provient un son. Le conduit auditif externe lui fait suite et à l’extrémité duquel on trouve le tympan, mince et fragile membrane qui en constitue le fond. La peau de ce conduit, à la forme d'un cylindre un peu tortueux est dotée de mille terminaisons sensibles qui interdisent l'introduction d'un instrument dangereux. Il est tapissé de glandes cérumineuses, dont les sécrétions filtrent les poussières et désinfectent les téguments. Mais parfois ces sécrétions en excès vont se rassembler et former un bouchon de cire.
L'oreille moyenne
Elle comprend trois parties qui sont, d'avant en arrière :
- la trompe d'Eustache,
- la caisse du tympan,
- la mastoïde.
La trompe d'Eustache est un long tube fermé par des muscles qui forment un anneau que l'on peut ouvrir en baillant ou en se mouchant. Ces gestes permettent à l'air de notre nez de rentrer dans l'oreille moyenne.
La caisse du tympan prolonge en arrière la trompe d'Eustache. Une de ses faces fait suite au fond du conduit auditif externe dont elle n'est séparée que par la membrane du tympan. La face opposée est constituée par l'oreille interne, et la face postérieure s'ouvre en arrière dans la mastoïde qui est un diverticule complexe de la caisse, une soufflure celluleuse, spongieuse et remplie d’air, creusée dans l'épaisseur de l'os, en arrière de l'oreille, entre le nerf facial et les méninges. La caisse du tympan contient la chaîne des 3 osselets (marteau, enclume, étrier) qui vont permettre la transmission des vibrations du tympan jusqu'aux liquides de l'oreille interne.
L'oreille interne
Elle comprend deux parties:
- la cochlée, organe de l'audition,
- le vestibule, organe de l'équilibre.
- Canaux semi-circulaires et limaçon
La cochlée, long tuyau plié en son milieu, dont les deux extrémités ou fenêtres communiquent avec l'oreille moyenne. La fenêtre ovale, est obturée par l’étrier. La fenêtre ronde, n'est fermée que par une mince membrane. Ainsi les oscillations des liquides vont parcourir en 2 à 5 millisecondes le tube cochléaire sur toute sa longueur en un aller et retour d'une fenêtre à l'autre, pour finalement s'amortir sur l'élasticité de la membrane de la fenêtre ronde. Pour analyser un son la cochlée a donc besoin d'au moins quelques millisecondes.
Schéma du limaçon avec ses deux rampes (en bleu) et l'organe de Corti (en rose).
Les deux parties accolées de ce tuyau cochléaire sont séparées par une mince membrane, la membrane basilaire. Sur celle-ci, dans leur interstice, se trouve un deuxième tuyau plus mince qui contient l'organe de Corti. Ce tuyau filiforme est rempli de liquides chimiquement différents de ceux que contient le 1er tube cochléaire. La différence de concentration en sodium et en potassium qui existe entre ces deux colonnes liquidiennes contribue à réaliser une sorte de batterie électrique, dont la puissance va être mise à profit pour déclencher les signaux dans le nerf auditif.
Schéma de l'organe de Corti
L'organe de Corti est un long ruban de cellules sensorielles, étalé sur la membrane basilaire. Il est fait de cellules dont l'une des extrémités est garnie de cils très fins : les cellules ciliées - qui baignent dans les liquides dont elles détectent les moindres vibrations. Par leur base ces cellules ciliées sont en contact avec les fibres du nerf auditif. L’organe de Corti détecte les plus infimes vibrations des liquides cochléaires et les transforme en signaux électriques puissants, qui vont stimuler le nerf.
- Une diminution du nombre des cellules ciliées externes va entraîner une diminution de la discrimination des fréquences ; le sujet entendra, mais ne comprendra pas.
- Une atteinte des cellules ciliées internes va entraîner une diminution de la sensation d'intensité ; le sujet n'entendra pas bien.
- lorsque l'organe de Corti est totalement détruit, il s’agit d’une surdité totale traitable aujourd’hui grâce à l’implant cochléaire.
Le nerf auditif et les centres du cerveau
Le nerf auditif est constitué par environ 35.000 fibres nerveuses, dont 5 % viennent du cerveau et régulent le délicat fonctionnement de l'oreille interne et surtout les mécanismes de l'organe de Corti lui-même. Pour leur plus grand nombre, ces fibres sont afférentes : elles apportent au cerveau, sous forme d'impulsions électriques, les informations sonores élaborées par l'oreille interne.
Le message généré grâce à lui au sein de chacune des fibres du nerf auditif remonte vers les centres nerveux à une vitesse d'environ 80 m/seconde. Quand il sort du bloc osseux que forme l'épaisseur du rocher autour de l'oreille interne, le nerf auditif pénètre dans la boîte crânienne. Il traverse les espaces méningés, et rentre ensuite dans le tronc cérébral. Il est en contact intime le nerf vestibulaire (celui de l'équilibre) et le nerf facial.
Dans le tronc cérébral, les fibres du nerf auditif font relais dans des noyaux, puis de relais en relais ces voies nerveuses de l'audition remontent progressivement vers les endroits de la substance grise cérébrale où se trouvent les sensations conscientes. La zone du cortex cérébral où siège le centre des sensations auditives conscientes est localisée dans un repli du lobe temporal, situé juste au dessus de l'oreille.
Embryologie et évolution de l’oreille au cours de la croissance et du vieillissement
L'oreille apparaît très tôt au cours du développement. Elle naît bien avant l'intestin, le cœur ou les reins à partir du tissu qui va donner la peau, les poils et avec le tissu nerveux.
Cette précocité d'apparition de l'oreille interne va de pair avec une très grande fragilité. Ainsi une rubéole contractée durant les 1ers mois de la grossesse peut entraîner une surdité .Par contre une rubéole contractée dans les derniers mois de la grossesse sera sans effet pour l'oreille car dès la fin du 3ème mois l'oreille interne, et une bonne partie de l'oreille moyenne ont pratiquement achevé l'essentiel de leur développement. Un peu plus tard après la naissance, les phénomènes aériens, respiration, cris, déglutition, etc...., vont envoyer de l'air dans la caisse du tympan, et progressivement ainsi favoriser le développement celluleux de la mastoïde. Cet os à la naissance est pratiquement inexistant. Il va grandir progressivement jusqu'à l'adolescence, en se pneumatisant comme une éponge. Il en est de même pour le tympan, mais surtout le conduit auditif externe très étroit à la naissance, et bien sûr le pavillon. De même la myélinisation du nerf auditif et des connections centrales des voies auditives ne sont terminées qu’au 3ème mois après la naissance.
Avec l’âge, le vieillissement va atteindre l’oreille. Il se fait progressivement et à trois niveaux, tégumentaire, sensoriel et nerveux.
Le vieillissement tégumentaire est celui de la peau, et tous les tissus élastiques qui composent le tympan et les articulations des osselets. Bientôt la raideur de l'âge va atteindre ces structures, et contribuer à la gêne auditive.
Le vieillissement sensoriel est celui qui atteint les structures de l'oreille interne et plus particulièrement les cellules ciliées de l’organe de Corti qui s’altèrent, perdent leurs cils, diminuent en nombre avec l’âge. De même, il existe une déperdition neuronale qui atteint tout le SNC et qui concerne l’audition à partir de 50-60 ans. C’est la presbyacousie.
Les moyens du diagnostic
Il existe différents moyens pour objectiver, mesurer et pressentir le siège de la lésion responsable d’une surdité.
Le mécanisme de la surdité s’exprime par l’audiogramme.
Le diapason est un instrument essentiel pour le médecin O.R.L.
L’audiogramme consiste à faire entendre un son de fréquence pure avec une intensité de plus en plus forte, pour apprécier à partir de quelle intensité le patient sourd commence à percevoir cette fréquence. Puis on apprécie le seuil douloureux, ou inconfortable, qui chez le sujet normal avoisine les 100 dB.
On explore ainsi
- La conduction aérienne obtenue avec un haut-parleur plaqué sur le pavillon de l'oreille. Elle objective l’audition pratique de tous les jours.
- La conduction osseuse fait appel à la sensation fournie par un vibreur placé sur l'os de la mastoïde derrière l'oreille. Cette vibration osseuse ébranle la totalité de la boîte crânienne, cochlée comprise, et par inertie entraîne des déplacements des liquides et des cellules sensorielles, à l'origine du son entendu. Cette conduction osseuse donne une image précise des possibilités cumulées de l'oreille interne, du nerf et des centres cérébraux auditifs.
Le médecin ORL va ainsi distinguer plusieurs types de surdités:
- · de transmission qui sont liées à un obstacle dans la transmission des sons jusqu'aux liquides de l'oreille interne : ce sont les surdités de transmission.
- de perception qui est la conséquence d’une atteinte de l'oreille interne, ou d’une lésion du nerf auditif ou des centres cérébraux.
- mixtes qui associent un obstacle à la transmission des sons, à une atteinte plus ou moins importante de perception.
- profondes et totale caractérisées cliniquement par:
o Elles sont une inefficacité totale ou pratiquement totale des prothèses amplificatrice conventionnelles,
o un audiogramme ne comportant plus que quelques "restes" auditifs sur les fréquences graves inférieures à 1000 Hz (surdités profondes), voire un audiogramme "blanc" (surdités profondes).
Ces surdités profondes et totales relèvent uniquement de l'implant cochléaire.
L'audiogramme vocal consiste à faire entendre des mots, et à demander au sujet de répéter ce qu'il a entendu. Une courbe permet de compter en pourcentage les erreurs réalisées en fonction de l'intensité du message transmis.
La mesure des oto-émissions a un grand intérêt chez le nouveau-né et le nourrisson. Elle objective tout de suite si celui-ci a une audition normale ou s'il présente une surdité, même légère.
L'enregistrement des modifications de l'EEG (PEA =potentiels auditifs évoqués) sous l'influence d'un stimulus sonore donne un reflet objectif de l'audition, même chez le sujet endormi. Il permet de préciser à quel niveau se trouve l'obstacle que rencontre le message sonore pour parvenir jusqu'aux centres auditifs. En cas de surdité profonde, ces enregistrements ne décèlent aucune onde, et l'audiogramme ne retrouve pratiquement aucun reste auditif.
Les causes de surdité
Les surdités de transmission:
Le bouchon de cire est la première des causes.
Quant aux autres obstacles (corps étrangers, insectes, etc...), ils entraînent les mêmes conséquences, à ceci près qu'une surinfection vient souvent les compliquer. Cette infection de la peau très sensible du conduit s'appelle une otite externe.
Les malformations de l'oreille moyenne, rares, peuvent s'accompagner d'une surdité de transmission.
Lors des traumatismes, le tympan peut en être atteint. Ainsi une gifle peut non seulement déchirer le tympan, mais luxer, voire casser quelquefois les osselets, ou pis écraser les structures de l'oreille interne par le mouvement de piston de l'étrier dans sa fenêtre ovale.
Les atteintes de l'oreille moyenne
Elles sont la plupart du temps des surdités de transmission simple.
Il peut s'agir d'un catarrhe tubaire. Un rhume qui enflamme, gonfle et ferme l'orifice de cette trompe en est souvent responsable. Dans d'autres cas, l'obstacle, réalisant une otite aiguë, est d'emblée du pus, ou une simple sérosité qui remplissent l'oreille moyenne. Dans ce cas un traitement antibiotique associé à une paracentèse permet de régler le problème.
L’obstacle peut être lié à la destruction partielle ou complète d'un des éléments de la chaîne tympano-ossiculaire en rapport soit avec un accident (gifle, accident de voiture, chute bénigne, coup sur le crâne etc..) ou une otite chronique qui va finir par détruire les osselets. Cette destruction peut passer inaperçue lorsqu'elle s'accompagne en plus de la formation d'un abcès très particulier, le cholestéatome.
Enfin, un blocage du système tympano-ossiculaire peut survenir à la suite d’infections répétées qui vont entraîner la formation d’unetympanosclérose.
Enfin l’otospongiose, maladie génétique qui touche essentiellement la femme est à l’origine de la sécrétion d’un os nouveau contre l’étrier qui bloque la fenêtre ovale et qui relève du traitement chirurgical bien codifié.
Les atteintes de l'oreille moyenne sont le plus souvent aiguës et répondent généralement bien au traitement médical (antibiotiques et corticoïdes) et à des gestes chirurgicaux mineurs. Par contre les atteinte chroniques, sont beaucoup plus handicapantes, et lorsqu’elles sont bilatérales, peuvent entraîner une surdité chronique.
Les atteintes de l'oreille interne, du nerf et des centres auditifs
Elles donnent des surdités de perception qui entraînent, pour certaines d'entre elles, simultanément des vertiges, des bourdonnements, parfois une paralysie faciale, voire l'atteinte d'un autre nerf crânien. Le bourdonnement (acouphène) apparaît comme un signe de souffrance de l’oreille.
Beaucoup de toxiques peuvent agir comme de véritables poisons pour l'oreille interne. Le plus souvent ils s'attaquent directement à l'organe de Corti ou au métabolisme des liquides qui nourrissent celui-ci. La plupart du temps, il s'agit de médicaments. C'est le cas de la quinine, de beaucoup d’antibiotiques, ainsi que de l'aspirine mais pour des doses supérieures à trois grammes par jour.
Il existe également des surdités brusques qui s’installent en quelques secondes ou en quelques heures, le plus souvent unilatérale, très volontiers sévère, si ce n'est totale d'emblée, avec ou sans vertiges ou bourdonnements. Elles seraient d’origine virale ou vasculaire (spasme ou obstruction d'une artériole de l'oreille interne). On les traite par les dérivés de la cortisone, les vasodilatateurs et l'hyper oxygénation. Plus le traitement est précoce, meilleures seront les chances de récupération.
Les infections de l'oreille interne donnent des surdités presque toujours très sévères. La plupart du temps, il s'agit d'une infection viraletel que les oreillons .Ces surdités trouvent toutes leur gravité lorsqu'elles sont bilatérales, car elles peuvent entraîner une surdité totale.
Les malformations de l'oreille interne, généralement associées à des anomalies du pavillon et de l'oreille moyenne sont des surdités mixtes. La plus connue est celle qui est secondaire à une rubéole survenant au début de la grossesse. Cette infection foeto-maternelle laissera naître des enfants dont les deux oreilles internes sont vides. Ils sont totalement sourds, alors qu'à l'examen les éléments visibles de l'oreille semblent normaux. A côté de ces malformations liées à une agression survenue pendant la grossesse, il en existe d'autres d'origine génétique.
La fragilité de l'oreille interne la rend extrêmement sensible autraumatisme. Une fracture du rocher, dont le trait traverse le tube cochléaire, peut entraîner une destruction définitive de la fonction auditive. Par ailleurs, la surdité peut être d’origine iatrogène, chirurgicale. C'est en particulier le cas de toute la chirurgie de l'étrier qui se déroule directement au contact des liquides de l'oreille interne.
Le traumatisme sonore : Il peut s'agir de l'explosion brutale d'un pétard ou de coups de canon, ou bien de l'agression répétée et continue que subissent certaines professions .Il peut s'agir également du traumatisme lié à une écoute musicale trop intense . Si l'exposition au bruit persiste, au bout d'un certain temps s'installent des lésions définitives.
La presbyacousie : c’est la cause de surdité liée à l'âge.
Le neurinome de l'acoustique : En se développant, ce neurinome comprime peu à peu le tronc cérébral comportant alors des risques mortels.
Les surdités centrales : Leur origine est à l'intérieur du cerveau lui-même, elles s'associent généralement à beaucoup d'autres troubles neurologiques dont la sévérité place au second plan le désagrément d'une perte auditive qui n'est jamais complète.
Conséquences et handicap
La surdité est le plus lourd handicap sensoriel. L'audition est indispensable à l'acquisition du langage parlé.
Celui-ci est essentiel pour structurer l'intelligence et la développer à l'aide des informations reçues de l'extérieur. Il faut donc opposer les surdités de l'adulte et celles de l'enfant. L'adulte sourd conserve son niveau intellectuel et la plupart de ses capacités. Par contre chez l'enfant sourd, c'est tout le développement intellectuel, professionnel et socio affectif qui sont en jeu. La gravité des conséquences dont il va pâtir dépend à la fois de l'importance de sa surdité et de la manière dont elle est prise en charge et palliée, mais tout autant de l'âge auquel va survenir ce handicap.
La surdité survenue à l’âge adulte
La surdité de transmission la plus couramment rencontrée est celle entraînée par une otospongiose bilatérale, affection bénigne car elle s'opère très bien, liée à un blocage osseux de l'étrier dans la fenêtre ovale. Ainsi que ce soit par la chirurgie ou l'appareillage, on peut redonner une audition presque normale à ces patients qui présentent une surdité de transmission.
Les surdités de perception
Leurs mécanismes sont beaucoup plus difficiles à pallier, et leurs traitements n'ont pas souvent l'efficacité des gestes chirurgicaux effectués dans l'oreille moyenne. Elles dépendent en outre de la sévérité des lésions réalisées, et tout un monde sépare la surdité de perception légère ou même sévère, de la surdité profonde ou totale.
Les surdités de perception légères ou sévères
La plus typique est la surdité progressive de l'adulte qu'on appelle la presbyacousie. Elle est liée à deux types de phénomènes : l'atteinte de l'organe de Corti et une diminution du nombre des neurones et des connections inter neuronales au niveau du cerveau, accompagnée d'une baisse de la mémoire, et notamment de la mémoire auditive.
La surdité profonde
C’est le stade de la surdité totale. Aucun message, si intense soit-il, ne peut plus être entendu. Seuls, peuvent être ressentis les bruits graves, assez forts pour faire vibrer la peau ou les os : le tonnerre, les vibrations d'un train, ou d'un camion qui passe. Le reste n'existe plus. Le sourd total est, de surcroît, souvent hanté de bourdonnements, de sifflements parasites, bruits subjectifs incohérents, assourdissants abrutissants dans leur inexistence. La neurasthénie, la dépression, les troubles psychiques apparaissent.
L'implant cochléaire a transformé la plupart de ces victimes en gens normaux.
La surdité de l’enfant
Les conséquences de la surdité de l'enfant sont bien plus graves que celles de l'adulte. Chez eux, l'apport régulier et permanent d'informations est tellement nécessaire, que même les hypoacousies modérées, si elles sont permanentes, peuvent entraîner de graves troubles du développement psychique et relationnel.
Avant que n’apparaissent les 1ères prothèses auditives, c’est avec le langage des signes méthodiques qu’on apprenait à parler à ces enfants. Avec les prothèses, il faut dépister le plus tôt ces surdités et appareiller précocement l’enfant sourd
Avec l’implant cochléaire, une audition est possible pour 90 % des enfants atteints de surdité profonde.
L'importance de la surdité conditionne le type de l'appareillage:
- prothèse conventionnelle classique à stimulation aérienne en cas de surdité incomplète,
- implant cochléaire fournissant une stimulation électrique, en cas de surdité profonde.
Traitement de la surdité
Traitements « médicaux » et chirurgie de l’oreille moyenne
Le médecin ORL dispose de tout un arsenal thérapeutique opposable à la surdité. La surdité est un symptôme. La multiplicité des traitements qui peuvent l'améliorer n'est que le reflet de ses causes, dont chacune relève d'un traitement approprié.
Les armes thérapeutiques sont représentées par :
- traitement prophylactique de la surdité,
- traitements médicamenteu
- gestes chirurgicaux sur l’oreille moyenne,
- suppléances fonctionnelles
- les prothèses auditives
- l'implant cochléaire.
Le traitement préventif de la surdité : il doit être évoqué en premier. C'est le plus actif, le plus simple, le plus économique : il faut lutter contre le traumatisme sonore et les médicaments toxiques pour l’oreille, ne pas négliger une surdité lorsqu'elle s'installe, même lorsqu'elle semble bénigne et unilatérale, se méfier de ces interventions un peu trop facilement proposées pour pallier une surdité légère et non évolutive. En effet un geste chirurgical comporte toujours un certain risque d'échec.
Les médicaments de la surdité : Les otites aiguës prises en charge tôt permettent d’éviter de passer à la chronicité, ceci grâce aux antibiotiques, aux anti-inflammatoires, aux corticoïdes.
La chirurgie de la surdité d'oreille moyenne a bénéficié de L'avènement du microscope opératoire a radicalement changé le geste chirurgical.
La biocompatibilité des matériaux implantés dans l'oreille :Outre les tissus qui appartiennent au patient lui-même et qui sont les plus fiables pour reconstruire un tympan ,une chaîne ossiculaire, ou pour combler une brèche quelconque , c’est le titane que l’on utilise pour construire les prothèses auditives à ancrage osseux .
Les suppléances fonctionnelles vont toujours être d'un grand secours, quelle que soit la qualité de la réhabilitation auditive que l'on peut obtenir par la chirurgie ou grâce aux prothèses. Les suppléances fonctionnelles d'origine visuelle comportent:la lecture labiale et tous les systèmes d'expression gestuelle.
Les prothèses auditives
Une prothèse auditive est formée de quatre éléments successifs:
o l'alimentation
o le microphone
o le transducteur, qui traite le signal sonore
o le haut-parleur
Il en existe de nombreux types :
- les prothèses amplificatrices à conduction aérienne
- les prothèses amplificatrices à conduction osseuse
- les prothèses amplificatrices à ancrage osseux
- les prothèses amplificatrices d'oreille moyenne semi implantées.
La plupart sont devenues pratiquement complètement obsolètes avec l’apparition des implants cochléaires.
L'implant cochléaire
Un implant cochléaire est un dispositif médical électronique destiné à restaurer l'audition de personnes atteintes d'une perte d'audition sévère à profonde et qui comprennent difficilement la parole à l'aide de prothèses auditives.
Ce dispositif comprend deux parties principales, l'unité électronique implantée dans le rocher et le processeur vocal externe. Le processeur est maintenant couramment un appareil miniaturisé porté discrètement derrière l'oreille comme le montre l'image.
- Les sons sont captés par un microphone et transformés en signaux électriques.
- Ce signal est traité par le processeur vocal qui le convertit en impulsions électriques selon un codage spécial.
- Ces impulsions sont envoyées à l'émetteur (ou antenne) qui les transmet au récepteur implanté à travers la peau intacte au moyen d'ondes radio.
- Le récepteur produit une série d'impulsions électriques pour les électrodes placées dans la cochlée.
- Les contacts de l'électrode stimulent directement les fibres nerveuses dans la cochlée sans utiliser les cellules ciliées endommagées.
Stimulé, le nerf auditif envoie des impulsions électriques jusqu'au cerveau où elles sont interprétées comme des sons. Le processus entier, de l'arrivée d'un son au traitement par le cerveau, est si rapide que l'utilisateur entend le son au moment où il se produit et ce, de manière continue.
Aujourd’hui les surdités de transmission ne posent plus guère de problème : la chirurgie ou l'appareillage en viennent très bien à bout, et de manière satisfaisante pour le patient, puisque les prothèses éventuellement utilisées sont généralement de très petit volume et donc bien dissimulables.
A l'opposé, les surdités de perception sont plus difficiles à pallier. Cependant, les possibilités récentes dont viennent de bénéficier les prothèses auditives, grâce à leur numérisation, représentent un réel progrès.