Cancer colorectal métastatique : les cellules tumorales circulantes sont un facteur pronostique indépendant.
Des cellules tumorales circulantes (CTCs) sont isolables à partir du sang périphérique des patients ayant un cancer colorectal (CCR) métastatique. Dans cette étude, les auteurs ont évalué le rôle pronostique du taux de CTCs en fonction des autres facteurs pronostiques connus, cliniques et thérapeutiques. Cette publication complète avec plus de recul un 1er article publié en 2008 [1].
Des prises de sang pour recherche de CTCs ont été réalisées avant le début de la 1ère, 2ème ou 3ème ligne de chimiothérapie puis durant le suivi chez des patients traités pour un CCR métastatique. Les patients ont été classés en 2 groupes pronostiques en fonction du taux initial de CTCs : groupe défavorable si taux de CTCs supérieur ou égal à 3/7,5 ml et favorable si inférieur à 3/7,5 ml.
De Février 2004 à Novembre 2006, 430 patients ont été inclus dans cette étude. A la date de point, 305 patients étaient décédés (71%) et la médiane de suivi des 125 patients vivants étaient de 25,8 mois (de 0,9 à 39,1 mois). En analyse de sous-groupe, en fonction de la ligne de chimiothérapie (1ère n=295 et 2-3ème n=118), de la présence de métastases hépatiques (n=301), du type de traitement (oxaliplatine n=263, irinotecan n=104 et bevacizumab n=248), de l’âge (<65 ans n= 213 et > 65 ans n=200) et de l’état général (ECOG 0 n= 187 et 1-2 n=210), le pourcentage de patients ayant au moins 3 CTCs était compris entre 22% et 32%. Le groupe défavorable était constamment associé à une survie globale plus courte, quelque soit le sous-groupe. A l’exception des sous-groupes 1ère ligne (p=0,14) et Oxaliplatine (p=0,5), les patients du groupe défavorable avaient également une survie sans progression statistiquement plus courte; la différence était à la limite de la significativité pour les sous-groupes < 65 ans (p=0,09), Bevacizumab (p=0,07) et ECOG 1-2 (p=0,07). Pour l’ensemble de la population, les patients du groupe défavorable avaient des survies sans progression et globale près de deux fois plus courtes que ceux du groupe favorable, respectivement, 4,4 vs 7,8 mois (p=0,004) et 9,4 vs 20,6 mois (p<0,0001).
En analyse multivariée, 4 facteurs pronostiques étaient significativement corrélés à la survie globale : le taux de CTCs [HR=2,22 ; IC 95% : 1,70-2,89 ; p<0,0001], la ligne de chimiothérapie [HR=1,52 ; IC 95% : 1,15-2,02 ; p<0,003], l’âge [HR=1,54 ; IC 95% : 1,21-1,97 ;p<0,001] et le statut ECOG [HR=1,37 ; IC 95% : 1,13-1,66 ;p<0,0001]. Pour la survie sans progression, 6 facteurs étaient indépendamment pronostiques : le taux de CTCs, la ligne de chimiothérapie, l’âge, le statut ECOG, l’administration de Bevacizumab et d’Oxaliplatine.
En conclusion, ces résultats confirment le caractère hautement pronostique du taux de CTCs chez les patients traités pour un CCR métastatique avec un doublement des survies sans progression et globale chez les patients du groupe favorable. Dans cette étude, entre un quart et un tiers des patients avaient au moins 3 CTCs / 7,5 ml initialement. Ces chiffres doivent être confirmés dans d’autres séries mais le taux de CTCs apparaissant comme un facteur pronostique majeur, et ce quelque soit le sous-groupe, les futurs essais de phase III dans le CCR devraient à terme stratifier les patients en fonction du taux initial de CTCs.
1. Cohen SJ, Punt CJA, Lannotti N, et al. Relationship of circulating tumor cells to tumor response, progression-free survival and overall survival in patients with metastatic colorectal cancer. J Clin Oncol 2008;26:3213-21.
2. Cohen SJ, Punt CJA, Lannotti N, et al. Prognostic significance of circulating tumor cells in patients with metastatic colorectal cancer. Ann Oncol 2009;20:1223-9.