Quelle qualité de vie avec un cancer de la prostate localement avancé ?
La plupart des cancers de prostate (KP) sont, grâce au dépistage, diagnostiqués actuellement à un stade précoce, accessible à un traitement local ; le pronostic s'en est trouvé sensiblement amélioré. En conséquence, on attache une plus grande importance à la qualité de vie (qdv) des malades survivants, le « tiercé gagnant » du traitement du KP devant cumuler le contrôle de la maladie, la continence urinaire, et une conservation des possibilités sexuelles. Mais 10 % des malades sont vus à un stade localement avancé, T3 (KP dépassant la capsule), ou T4 (tumeur fixée, atteignant les organes voisins). C'est leur qdv qui a fait l'objet de ce travail.
Seuls ont été retenus, dans cette étude rétrospective les malades porteurs d'un KP affirmé par biopsie, de stade T3 ou T4, ayant reçu un traitement, et suivis semestriellement pendant au moins deux ans. Ils ont eu à répondre à 2 questionnaires, l'un centré sur les troubles urinaires, sexuels et digestifs, l'autre s'enquérant des désordres mentaux et fonctionnels, avec des scores de 0 à 100.
Sur les 13 740 hommes suivis pour KP, 608 avaient un stade T3-T4 mais, parmi ces derniers, seuls 151 (140 T3 et 11 T4) ont répondu aux questionnaires avant et 1, 2 et 3 ans après traitement. Ils avaient reçu des traitements variés : 82 (54 %) une hormonothérapie, 31 (21 %) une prostatectomie radicale, 26 (17 %) une curiethérapie, et 12 (8 %) une cryothérapie.
L'analyse des questionnaires montre peu de modifications pour les composantes mentales et fonctionnelles ; en revanche, on note une détérioration significative de la qdv en ce qui concerne les fonctions urinaires et génitales, cette détérioration étant surtout marquée la première année et se stabilisant ensuite. Ainsi, par exemple, le score de la fonction urinaire, établi à 91 en moyenne avant toute thérapeutique, décroît à 82 après un an et s'y maintient ensuite, cependant que la vigueur sexuelle, scorée à 38 au départ, dégringole à 15 dès la première année pour ne plus se relever ni s'aggraver ultérieurement.
Cette détérioration, bien que touchant tous les hommes, indépendamment du taux de PSA initial et de l'indice de masse corporelle, est d'autant plus nette que l'âge est élevé. Par ailleurs, tous les traitements ne sont pas égaux, et la curiethérapie occasionne sensiblement moins de dégâts urinaires et sexuels que les autres thérapeutiques (la chirurgie étant la plus délétère sur le plan urinaire et l'hormonothérapie sur le plan sexuel).
White WM et coll. : Quality of life in men with locally advanced adenocarcinoma of the prostate : an exploratory analysis using data from the CaPSURE database. J Urol., 2008; 180:2409-2414.