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Les premières femmes médecins du monde arabo-musulman

Les premières femmes médecins du monde arabo-musulman

Les premières femmes médecins du monde arabo-musulman

Pr. Larbi ABID

Faculté de médecine d’Alger

 

Introduction 

Si à l’université, les étudiantes sont majoritaires dans les amphithéâtres , si la prédominance féminine à la faculté de médecine algérienne est manifeste depuis plus d’une vingtaine d’année , si le dernier bastion masculin (à savoir la chirurgie) vient également de tomber et si au XXIème siècle, la plupart des pays garantissent aux femmes un accès aux études médicales égal à celui des hommes,  historiquement, cette place a souvent été restreinte dans de nombreux endroits du monde.

Actuellement, la proportion élevée de femmes s’explique assez aisément car les bachelières reçues au baccalauréat scientifique se dirigent plus volontiers vers les sciences de la vie et de la nature (professions médicales et paramédicales).

La femme a dû lutter durement pour accéder à la reconnaissance de ses compétences médicales et plus encore de ses compétences chirurgicales. Dans l’Antiquité, les femmes étaient  pratiquement absentes de l’histoire de la médecine.

Leur place et leur rôle varient au gré des temps et des mœurs, mais c’est à la fin du XIXe siècle que leur place sera petit à petit reconnue.

Durant le XIXe siècle, le pluralisme médical laisse place à une rationalité unique et la  conviction d’une supériorité de la médecine occidentale. Le grand bouleversement pour  l'art médical vient de la naissance de l'université. Avec sa création, nul ne peut s'installer s'il n'a pas un diplôme de "l'alma mater" (la faculté).

Il faut attendre la fin du  XIXème siècle pour voire la première femme médecin diplômée. Le 23 janvier 1849, Elizabeth Blackwell reçoit des mains du président du « Geneva Medical College » de New York, son diplôme de docteur en médecine, devenant  la première femme diplômée en médecine de l’histoire de l’Humanité

De même c’est à la  fin du 19ème siècle, qu’on peut voire de jeunes femmes originaires de différentes régions du monde arabo-musulman, aller  braver les multiples interdits de l’époque, pour  étudier la médecine soit dans leur propre pays soit le plus souvent dans les universités du monde occidental.

 

La Turquie, au temps du déclin  et de la chute de l’Empire Ottoman

 

L’Empire Ottoman, étant l’héritier et le porte-drapeau de la civilisation musulmane (dont le calife était considéré comme le chef spirituel de la communauté musulmane) en ce XIXème siècle, c’est par lui que nous commencerons notre analyse de la situation de la femme dans le milieu médical.

Le 19ème siècle, est pour l’Empire Ottoman, celui de sa dislocation progressive. Les années 1833 à 1846  constituent l'ébranlement de l'Empire avec l'indépendance de la Grèce, l’autonomie de la Serbie, la conquête d’Alger, le défi  de l'Egypte qui finira par obtenir l’autonomie. Entre 1878 et 1889, l’empire ottoman va se disloquer complètement avec les soulèvements dans les Balkans et la  guerre russo-turque.

Au cours de ce  19ème siècle, le sultan ottoman entreprend, une politique volontariste de modernisation;  une école civile de santé est créée en 1867.

En 1804, le sultan Abdelhamid  promulgue  un  décret impérial autorisant les femmes  à exercer la médecine en Turquie. Un diplôme national n’était pas exigé. Tout médecin ayant obtenu son diplôme à l’étranger devait passer un court examen à l’école impériale de médecine d’Istanbul, examen qui était une simple formalité.  Quelques anglaises ayant eu connaissance de cette autorisation  ont pu  s'établir à Constantinople, suivies par d’autres, principalement des russes. De même, plusieurs femmes médecins missionnaires se sont installées dans les différentes parties de l’empire : missions médicales du Liban, de Damas, de Tripoli et de Jaffa.

L'ouverture des premières écoles primaires pour les filles date de 1778. Mais il faut attendre 1862 pour voir la fondation d'écoles secondaires.  

Il faudra attendre l’année 1914 pour voir des cours destinés aux jeunes filles débutés à l'Université. En 1922/1923, la faculté de Médecine ouvre ses  portes aux filles. En 1922, six étudiantes s’inscrivent à l’école de médecine de l’université d’Istanbul.  

En 1873, est fondée la Darülmuallimat, École Normale des Filles, où l'on formait des institutrices pour les collèges de filles.

C’est ainsi qu’entre 1833 et 1896 on comptait plusieurs dizaines d’étudiants venus de l’empire ottoman à la faculté de médecine de Paris dont quelques étudiantes, sans que l’on puisse avec certitude préciser l’ethnie et la religion dans tous les cas.

De même jusqu’en 1900, on comptait chaque année, à la faculté de médecine de Nancy,  1 à 2 étudiantes en médecine originaire de Turquie. Il faut signaler par ailleurs, que durant plusieurs années la faculté de médecine d’Istanbul ne formait que des officiers de santé, ce qui explique le nombre relativement important d’étudiants turcs dans les universités européennes.

 Safiye Seif-Ali (1891-1952), première femme médecin de la Turquie

Safiye  Seif-Ali 

 

Safiye Seif-Ali (1891-1952), première femme médecin de la Turquie,  et  également la première femme à enseigner la médecine.  Elle est née le 2 février 1891 à Istanbul. Fille d'Ali Pacha Fırat, adjudant du sultan ottoman Abdülaziz et Abdülhamid II. Ayant perdu son père dans son jeune âge, elle rejoint avec sa mère la demeure de son grand-père,  Haci Emin Pacha qui a exercé  comme Shaykh al-Islam à la Mecque pendant 17 ans. Elle effectue ses études secondaires à l'American College d’Istanbul, mais la décision du conseil d’état de 1898 n’autorisant plus les femmes à s’inscrire à l’université, l’oblige à aller en Allemagne où elle fera ses études de médecine  à la Faculté de l'Université de Würzburg avec une subvention financée par le  ministre de l'Education Şükrü Bey.

Après l’obtention de son diplôme en 1922, elle  retourne à Istanbul avant de revenir en Allemagne pour se spécialiser en gynécologie et en pédiatrie. Elle épouse son collègue le Dr. Ferdinand Krekeler qui prendra plus tard le nom turc "Ferdi Ali."

Safiye Ali  obtient son  diplôme de première femme médecin de Turquie en 1925, et  ouvre  une clinique dans le quartier de Cagaloglu. Cependant la population aisée d’Istanbul préfère se faire soigner par des médecins hommes et les femmes issues du milieu pauvre ne sont pas toujours en mesure de régler les honoraires de consultation ce qui occasionne des difficultés financières à la jeune Safiye. Elle décide alors à donner des cours  de gynécologie et d'obstétrique à l'école de médecine, devenant  la première femme enseignante de  l'American College, et donc le premier professeur féminin de  l'enseignement supérieur en Turquie.

En parallèle elle travaille dans un centre pour enfants («Süt Damlası")  fondé par la Croix-Rouge française, puis remis aux services sociaux de protection de l’enfance "Himaye-i Etfal" en 1925. La, outre les soins, elle organise des séances de formation pour les mères.  Elle devra néanmoins démissionner de son poste devant l’agressivité de ses collègues masculins.  Ses patients,  femmes et  enfants manifestent alors devant le Hilal-i Ahmer Society et la maison de Fuat Bey, chef du centre. 

De guerre lasse, elle quitte la Turquie pour l’Allemagne où elle continuera à exercer pendant  la Seconde Guerre mondiale, malgré une santé qui se détériorait .Elle terminera sa carrière à Dortmund où elle décède en 1952 d’un cancer à l’âge de 61 ans.

 

En Egypte, Misr, Oum el Dounia 

Née du Nil, l’Egypte pharaonique a produit une  civilisation  d’une exceptionnelle durée. Pour ce qui est de la médecine, elle  était très avancée pour l’époque, avec des médecins spécifiquement formés, usant de moyens thérapeutiques multiples, et toujours en relation avec le divin. La formation de ces médecins,  se faisait dans la structure dépendante du temple, appelée « maison de vie » complétée par un compagnonnage  maître-apprenti. Il existait un corps professionnel de femmes médecins dont Peseshet, la plus ancienne femme médecin connue dans l’histoire de l’humanité, était la directrice.

Au temps moderne, l’université du Caire a admit ses premières étudiantes en 1928, et sept ans plus tard, elle comptait  plusieurs diplômées de la faculté de médecine.

Entre 1946 et 1952, l’Égypte rentre dans une période de turbulences sociales, économiques et internationales. En 1948, l’armée égyptienne pénètre dans le territoire palestinien (premier conflit israélo-arabe). Les difficultés économiques et la vie dispendieuse du souverain entraînent des troubles qui provoquent un coup d’état militaire en 1952.

La période nassérienne favorise largement l’émancipation des femmes qui  entrent, de plus en plus nombreuses, dans la vie professionnelle et la vie politique.

 

Tawhida Abdul Rahman

Tawhida Abdul Rahman

Zahira Abdeen

Zahira Abdeen

 

Tawhida Abdul Rahman (1906-1974) née dans une famille de la haute société égyptienne  fait partie des premières étudiantes  des écoles publiques pour filles mises en place en 1873 à l’époque du Khédive Ismail.

En 1922, elle fera partie des six filles sélectionnées par le roi Fouad pour aller étudier en Grande Bretagne afin de constituer le premier noyau de médecins égyptiens. A son retour en Egypte en 1932, son père lui ouvre une  clinique  dans un quartier huppé du Caire mais elle préfère exercer dans un hôpital public destiné aux indigents (actuel hôpital général de Shubra). En 1952, elle démissionne afin de se consacrer à l’éducation de ses enfants. Elle décède en 1974 des suites d’un cancer.   

 

Zahira Abdeen (1917-2002) dénommée la mère des médecins égyptiens (Umm al-aṭibbāʼ al-duktūrah Zahīrah ʻĀbidīn). Elle fut  un exemple de la femme musulmane moderne altruiste ayant dédiée sa vie au service public, aux malades, aux pauvres et aux nécessiteux. C’était une pédiatre, spécialiste des maladies cardiaques rhumatismales, récipiendaire du doctorat honorifique en médecine de l'Université d'Edimbourg, (1980) Fellow du Collège royal des médecins au Royaume-Uni, et la Mère de médecins (Egypte). Elle fut une pionnière dans le domaine de la pédiatrie sociale au Moyen-Orient dans les années cinquante.

En 1991, elle fut la première femme hors d'Europe à recevoir le prestigieux prix Norgall Elizabeth, même en ouvrant la porte pour d'autres nominations et récompenses au Moyen-Orient. Elle souffrira d’un cancer du sein pendant près d’une dizaine d’année, cancer qui l’emportera en 2002.

 

El jamahiriya Libya.

  Au cours de l’histoire, la Libye a été  dominée par les empires romain, byzantin, ottoman et au XXème siècle, le royaume d’Italie.  C’est après la 2ème guerre mondiale, que la Libye émerge en tant que véritable état souverain. En décembre 1951, l'indépendance totale du Royaume-Uni de Libye est proclamée.  Il  sera transformé en Jamahiriya libyenne en 1969 par Mouammar El Kadhafi.

Younes Qwaider

Younes Qwaider

La 1ère  femme médecin Libyenne est  Younes  Qwaider  née dans la ville de Benghazi. Elle effectuera ses études primaires et secondaires en Libye puis se rendra en 1955 en Egypte pour y effectuer ses études de médecine à la faculté Kasr El Aini  du Caire.  Elle obtient son doctorat puis se spécialise  en médecine interne en 1969, avant de revenir en Libye où elle exercera en milieu hospitalier.  Elle   sera  la 1ère femme médecin bénévole libyenne pour le  Croissant-Rouge et partira sur le front égyptien durant la guerre 1967.  Elle décède le 30 septembre 1971. Le président égyptien Abdelnasser et le peuple de Benghazi lui ont rendu un grand hommage lors de ses funérailles.

En Algérie, pays du million et demi de martyrs 

L’Algérie est entrée au 19ème siècle sous l’égide de la colonisation dans un processus de modernisation forcée. Le changement était d’autant plus douloureusement ressenti qu’il s’est accompli rapidement dans l’assujettissement et la violence.  A partir de l’invasion d’Alger en 1830, on peut distinguer deux périodes :

Le  19ème siècle où la médecine a été utilisée comme moyen de propagande, de pénétration et d’information,

Le 20ème siècle et va jusqu‘à  l'indépendance, marquée par la marginalisation progressive de la population locale et l'accès des 1ers musulmans aux études médicales.

Pour ce qui est de l’exercice de la médecine au début de la colonisation, un décret impérial de 1851 exigeait  le diplôme de médecin ou d’officier de santé pour exercer la médecine en Algérie, sauf pour les « indigènes, musulmans ou juifs, qui pratiquent la médecine, la chirurgie et l’art des accouchements à l’égard de leurs coreligionnaires ».

Une école préparatoire de médecine et de pharmacie d’Alger est créée par décret  le 3 aout 1857. Les débuts de cette école, simplement préparatoire d'abord, furent des plus modestes. Le 21 mai 1855, c'est à l'hôpital  Mustapha que des cours de médecine seront donnés à des étudiants

Les  4 premières étudiantes diplômées de cette école, toutes  d’origine européenne, étaient Mme Chellier-Gastelli  reçue officier de santé à Alger, le 25 avril 1887 puis docteur en médecine en France en 1894 ; Mlle Peytral, reçue officier de santé à Alger le 30 octobre 1891 ; Mme Ducrocq, reçue officier de santé à Alger le 25 octobre 1893 et enfin Mme Monnet, qui a pris ses inscriptions d'officiât de santé à Alger et a été reçue au grade d'officier de santé à Reims.

Emilie Rengguer de la Lime, une jeune fille issue d’une famille de colon, obtint le droit de s’inscrire à l’école de médecine d’Alger en 1865 grâce à l’intervention de l’impératrice Eugénie.

 

Aldjia Noureddine-Benallègue, Algérie

Aldjia Noureddine-Benallègue

Nafissa Hamoud-Lalliam, Algérie

Nafissa Hamoud-Lalliam

 

Aldjia Noureddine-Benallègue (1919-2015) est née le 28 mai 1919 à Médéa où son père exerçait en qualité d’instituteur à l’école indigène de la ville. Sa mère fut l’une des toutes premières indigènes à suivre une scolarité primaire en 1906.

En 1925, à la suite de la mutation de son père à El Khemis, elle put rejoindre l’école communale de filles de cette ville. Après 2 années, son père rejoint l’Arbatache, où Aldjia terminera sa scolarité primaire. Sa réussite à l’examen d’entrée en sixième lui permis en 1929 de venir à Alger où elle fut inscrite en qualité d’interne au lycée de filles Delacroix (actuel lycée des frères Barberousse) où après 7 années, elle décroche le baccalauréat avec mention lui permettant de s’inscrire à la faculté de médecine d’Alger en 1936 et de bénéficier d’une bourse.

 Durant toute la durée de ses études, elle fut la seule fille d’origine indigène à la faculté de médecine. Durant la première année (PCB), sur une promotion de 135 étudiants, 84 furent reçus dont 8 filles, 7 françaises et une algérienne : Aldjia Noureddine.

Ayant réussit au concours d’internat de 1942, elle fut interne dans le service de médecine interne du professeur Aubry puis dans le service de Gynéco-Obstétrique dirigé alors par le Pr. Laffont ainsi qu’à la clinique médicale dirigée par le Pr. Lebon. Elle fut élue en 1943 présidente de l’association des internes. La soutenance de cette thèse aura lieu le 6 janvier 1946. Le Pr. Sarrouy lui proposera le poste de chef de clinique adjoint dans son service et la parrainera pour son admission en qualité de membre titulaire de la Société de Médecine d’Alger. Elle sera également membre fondateur de la Société de Pédiatrie d’Alger que créera le Pr. Sarrouy en 1947.

 Elle passera le concours d’agrégation à Paris en 1962 où elle sera reçue avec 4 autres médecins algériens. Elle revient à Alger à l’hôpital Mustapha où elle entama une carrière hospitalo-universitaire qui va durer 27 ans.

Elle remettra sur rail la société de médecine d’Alger qu’elle présidera pendant près de 4 ans et participera au congrès des médecins arabes en juillet 1963 à Alger. En décembre 1963, elle est élue membre correspondant de la Société Française de Pédiatrie. En 1982, elle est élue membre correspondant de l’Académie Nationale de Médecine de France, devenant ainsi la 1ère femme du Maghreb et de toute l’Afrique à avoir cet honneur. En février 1989, à l’âge de 70 ans, elle prend sa retraite. Elle décède le 31 décembre 2015 à l’âge de 96 ans.

 

Nafissa Hamoud-Lalliam  (1924-2002) est née à Alger le 17 mars 1924. Issue d'une famille de la bourgeoisie algéroise, son père était Muphti d'Alger et son oncle un industriel bien connu (Hamoud Boualem). Après ses études primaires et secondaires à Alger, elle s’inscrit à la faculté de médecine d’Alger en 1944. Durant sa vie estudiantine, elle fait partie des premiers noyaux d'étudiantes en médecine, de l'Association des Etudiants Musulmans d'Afrique du Nord (AEMAN). Elle participe à la manifestation du 1er mai 1945 à Alger qui marque son engagement définitif contre le colonialisme et pour l’émancipation de la femme africaine. Elle est élue Vice-présidente de l'A.E.M.A.N en 1947, et fonde le 24 juin 1947 l’Association des Femmes Musulmanes Algériennes (AFMA).dont elle est la secrétaire générale. Membre des cellules clandestines du P.P.A, elle intervient dans Alger (Saint-Eugène, Casbah) au cours de rassemblements de femmes, dans lesquels elle prêche la lutte contre le colonialisme et l'émancipation de la femme. En 1950, elle prend contact avec la fédération internationale des femmes en vue de célébrer pour la première fois en Algérie la journée du 8 mars.

Malgré cette intense activité, elle soutient sa thèse doctorat et devint la deuxième femme algérienne médecin durant la période coloniale .Elle ouvre un cabinet médical en 1953 à la rue de la Lyre, cabinet qui a servit de planque à Abane Ramdane et Benyoucef Benkheda. Quand les services Français découvrent ses activités en 1955, elle rejoint les maquis de la wilaya 3 (Kabylie) où elle est nommée médecin-chef. En novembre 1957 Nafissa est arrêtée à Bordj Bou Arreridj avec son époux le docteur Mustapha Laliam. Elle connut la prison d’El Harrach, de Serkadji et d’Oran avant d’être transférée dans un couvent, près de Nantes en France. Nefissa Hamoud, fut échangée par l’intermédiaire de la Croix Rouge Internationale avec un prisonnier français. Après de multiples péripéties elle put rejoindre la Suisse. Elle s’installe à Genève et reprend  ses études universitaires.

A l’indépendance, elle rentre au pays et opte pour une carrière hospitalo-universitaire dans la spécialité de gynécologie-obstétrique. Parallèlement, elle contribue avec d’autres gynécologues et pédiatres, à la création du premier Centre National de Régulation des Naissances à l'hôpital Mustapha, puisqu'elle était présidente de l'Union Nationale des Femmes algériennes (UNFA). Elle passe son agrégation en gynéco-obstétrique en 1972 et est nommée chef de service de gynéco-obstétrique de l’hôpital Parnet le 1er septembre 1974, poste qu’elle occupera jusqu’à sa retraite en 1986.

Parallèlement à sa carrière hospitalo-universitaire, elle active dans le champ politique : président de l’Union Nationale des Femmes algériennes en 1966, membre du CNES en 1970 et ministre de la santé dans le gouvernement Ghozali en 1991.

Elle décède le 10 décembre 2002 et est enterrée à El Alia dans le carré des martyrs. L’hôpital Parnet de Hussein Dey où elle a passé une grande partie de sa vie, devenu CHU est rebaptisé en mars 2003 au nom de l’éminente gynécologue « Professeur Nafissa Hamoud ».

 

En Tunisie, le pays du jasmin 

La régence de Tunis était une province de l’Empire Ottoman depuis la conquête de Tunis en 1574, bien qu’elle gardait une certaine autonomie sous l’autorité d’un bey. Avant l’instauration du protectorat français, un seul hôpital réservé aux musulmans existait à Tunis ainsi que deux infirmeries à Sousse et à Sfax. L’hôpital de Tunis était dirigé au début du 19ème siècle par le Dr. Maschero, d’origine espagnole, diplômé de l’Université de Pise, médecin personnel du Bey Sadok (1859-1882). En 1873, c’est le Dr Kaddour Ben Ahmed, 1er médecin musulman originaire d’Algérie, diplômé de la faculté de Montpellier, venu en Tunisie rejoindre une partie de sa famille et acquérir la nationalité tunisienne qui prit en charge cet établissement. En 1892, le Dr Edmond Lovy, médecin du bey Ali Pacha (1882-1902) remplacera le Dr Kaddour Ben Ahmed à la tête de cet hôpital qui prendra  le nom d’hôpital Aziza Othmana. En 1892, la Régence comptait 106 médecins dont 47 étrangers. Le 1er médecin tunisien musulman fut le Dr Béchir Dinguizli (1897).  

Tawhida Ben Cheïkh, TunisTawhida Ben Cheïkh, Tunis 

Tawhida Ben Cheïkh

Tawhida Ben Cheïkh (1909-2010), est née à Tunis, le 2 janvier 1909, au sein d'une famille aisée, originaire de Ras Jebel (gouvernorat de Bizerte), elle devient en 1929 la première tunisienne à obtenir le baccalauréat, puis elle entame de brillantes études de médecine à Paris grâce au soutien de sa mère. Le Docteur Etienne Burnet, futur directeur de l’Institut Pasteur de Tunis, l’encouragera également. Elle obtiendra son doctorat en médecine en 1936, devenant la première femme arabe à être diplômée de la Faculté de médecine de Paris. De retour à Tunis en 1936, elle ouvre un cabinet de médecine dans un vieux quartier de Tunis, les hôpitaux publics étaient alors inaccessibles aux cadres indigènes durant le  protectorat (1881-1956). En parallèle, elle s’engage dans la lutte féministe et participe, dès 1937, à l’action du Club de la jeune fille tunisienne et de l’Union des femmes musulmanes. C’est cette année là qu’elle deviendra la première rédactrice en chef du premier magazine féminin tunisien édité en langue française "Leila".  Devant l'affluence des femmes dans son cabinet, elle se spécialise en gynécologie et lance la planification des naissances dès 1963 en Tunisie. Entre 1955 et 1964, elle assure la direction des services de maternité de plusieurs hôpitaux publics et s'implique dans les activités du Croissant rouge.

À l’indépendance de la Tunisie,  elle dirige le service gynéco-obstétrique de l’hôpital Charles Nicolle (1955-1964) puis celui de l’hôpital Aziza Othmane  (1964-1967) et participe à la création de l’école des sages-femmes. Elle prend sa retraite en 1967. Tawhida devient aussi le premier médecin femme à siéger au Conseil national de l’Ordre des médecins de Tunisie en 1959. Honorée après sa mort par la mairie de Paris avec la création d'un centre de santé à Montreuil appelé " Centre Tawhida Ben Cheïkh ", elle s’est éteinte à 101 ans, le 6 décembre 2010.

 

Au Maroc, le royaume chérifien

 Alors que le Maghreb, central et oriental était sous la domination ottomane, le Maroc est  sous le règne de la dynastie saadienne (1554-1659). Durant le règne du sultan Moulay Abderahmane (1822-1859), qui correspond à la conquête de l’Algérie par la France, le royaume chérifien est contraint de signer le traité de Lalla Maghnia en 1845 qui impose une délimitation frontalière entre l’Algérie et le Maroc. La politique menée par le sultan Abdelaziz conduit le pays à une quasi-faillite, et accélère le processus de domination précoloniale puis coloniale qui sera confirmé durant le court règne de Moulay Abdelhafid entre 1908 et 1012.

Sur le plan sanitaire, avant le protectorat, la médecine turque que certains médecins marocains ont apprise, au Caire ou à Constantinople, était dépassée et ne pouvait constituer une alternative à la médecine scientifique européenne de l’époque. La  période 1912-19 38 est considérée comme l’étape d’introduction de la médecine moderne  au Maroc.

Après la 2èmeguerre mondiale et jusqu’à l’indépendance du pays, des hôpitaux furent construits dans la plupart des grandes villes. Le nombre de médecins qui était  de 200 en 1930 va atteindre le chiffre de 1050 en 1955.  Parmi les premières femmes médecins  qui ont marqué la profession médicale au Maroc, on peut citer :

 

Eugénie Delanoë  Françoise Legey  

Eugénie Delanoë- Françoise Legey

 

Eugénie Delanoë est née à Souwalki (Russie). Très tôt, elle milite contre le régime tsariste dans un comité lycéen de résistance pour promouvoir l’instruction parmi les classes défavorisées. Cette activité la contraint à fuir son pays pour se rendre à Paris où elle commence ses études de médecine qu’elle poursuivra à Montpellier. Mariée à un médecin de colonisation affecté en Cote d’Ivoire, elle se rendra au Maroc où elle sera affectée à Mazagran où exerce déjà un médecin, le Dr. Blanc médecin-chef de l’infirmerie indigène. Elle aura pour tache, les soins aux femmes et aux enfants.  Les succès qu’elle obtiendra dans la lutte contre le typhus et la paludisme, lui conféra un accueil chaleureux  et une confiance   de la part de la population autochtone. Durant la 1ère guerre mondiale, elle sera le seul médecin de la région. Elle participe à la création de l’orphelinat de Mazagran et crée l’œuvre de la goutte de lait. Ayant appris à respecter les mœurs et coutumes de la population et ayant appris la langue arabe, elle sera la Tebiba de toutes les femmes autochtones de la région. Après 35 ans passé à de Mazagran, elle décède et sera  inhumée dans ce village, aujourd’hui El Jadida.

 

Françoise Legey.  Née à Alger, elle  fait ses études de médecine à Paris  et s’installe, comme médecin, à Alger où elle crée un service pour femmes indigènes.

Médecin de l’Assistance publique pendant 15 ans au Maroc, parlant couramment l’arabe, elle a créé une maternité à Marrakech qui reçoit les femmes indigènes et peut se vanter de comprendre celles-ci mieux que ses consœurs.

À Tanger, où elle a également exercé  elle voyait  plus de trois cents femmes par jour, ce qui lui rappelait « ses consultations de la kasbah d’Alger ».

 

Au Soudan

 Khalida Zahir est  née à Omdurman où son père était  un officier des Forces Militaires du Soudan. Dans les années 1930, son père a soutenu son désir d‘effectuer des études secondaires.  Lorsqu’elle a obtenu son diplôme de fin d’études secondaires à l'école Unity de Khartoum, ce succès  est venu à l'attention d'Emily Shore, l'épouse de Sir Stewart Symes, gouverneur général du Soudan anglo-égyptien.

Mme Shore exercera des pressions sur l'École de médecine de Kitchener (actuelle Université de Khartoum) pour permettre à Khalida de s’inscrire.  Elle devient la première femme médecin soudanaise.  En 1946, Khalida a cofondé avec Fatima Talib, la première organisation féminine soudanaise - la Société culturelle des jeunes femmes, qui a enseigné aux femmes à lire et à écrire

En 1952, elle était l'une des dix jeunes femmes qui ont créé l'Union soudanaise des femmes, qui a fait campagne pour le suffrage féminin et le droit des femmes de travailler librement dans tous les domaines d'activité.

 

Khalida Zahir

Khalida Zahir

 

 En Mauritanie

La Faculté de médecine mauritanienne a été créée en 2006, seule école de médecine faisant partie de l'Université de Nouakchott.

En 2015, la Mauritanie a célébré le diplôme de 14 médecins, dont deux médecins femmes, la 1ère promotion  de la  nouvelle faculté de médecine.

Meimouna mint Mohamed Lemine, est la 1ère  étudiante à décrocher son doctorat en médecine.

Actuellement, 857 étudiants  sont inscrits  à l'école de médecine, sous la supervision de professeurs et de médecins de Mauritanie, du Sénégal et d’Algérie.

 

médecins de Mauritanie

  

Les femmes en médecine  au Proche et Moyen  Orient

 Au Liban, le pays du cèdre, la Suisse de l’Orient.

 Au XIXe siècle, au Liban, malgré la présence de facultés de médecine en Egypte et en Turquie, un grand nombre de praticiens exerçaient sans diplômes car il leur suffisait de quelques principes généraux, souvent transmis de père en fils, pour dispenser des soins dans les villes et surtout dans les campagnes. Le 1er médecin libanais fut le docteur Darwiche Baz, diplômé en 1831, qui vulgarisa l’emploi de la quinine blanche ou kina baïda. Il faut noter qu’au cours de tout le XIXème siècle, aucune femme médecin n’exerce au Liban.

Bien que faisant encore parti de l’empire ottoman, la France  ainsi que plusieurs pays européens, dans le cadre du partage de l’empire ottoman, procèdent à une pénétration culturelle par l’intermédiaire de missions religieuses.  La plus importante étant l’école de la mission protestante syrienne qui ouvrit ses portes en 1824 suivie par l’ouverture du  Syrian Protestant College en 1866.  L’année suivante, en 1867, une section d’études médicales fut ouverte (les études duraient  4 ans et les cours étaient  donnés en arabe).  En 1919, après la fin de la 1ère Guerre mondiale, le Syrian Protestant College changera de nom  et deviendra l’American University of Beirut.   La France ne tarda pas à réagir: le séminaire de Ghazir fondé par les pères jésuites en 1843, destiné à former le clergé maronite est  transféré à Beyrouth avant de devenir Université Saint Joseph.

Anissa Saiba (1865-1944), née à Tripoli, elle est la 1ère femme médecin du Liban. Elle a effectué ses études médicales à Londres puis à Edinbourg (1890) avant de revenir au Caire où elle occupa diverses fonctions hospitalières et universitaires. On lui compte de nombreuses publications en gynécologie et pédiatrie. Elle décède  au Caire en 1944.

 

Anas Barakat Baz

Anas Barakat Baz

 

Anas Barakat Baz  après des études secondaires à la British School pour les filles à Beyrouth, elle se rend au USA pour effectuer des études en médecine  à l'Université de Detroit, Michigan.  Après  4 années d'études, elle obtient  en 1905  son  diplôme de médecine, puis se  spécialise en gynécologie avant d’exercer sa profession dans plusieurs hôpitaux. De retour au Liban 1908, elle eu la charge de  diriger le Saint Georges Hospital  à Beyrouth, ce qu'elle fit pendant 4 ans. Dans l'intervalle, elle a ouvert sa propre clinique.

Outre son activité médicale tant à l’hôpital que dans sa clinique, Anas  Barakat  était un membre actif des associations d'aide sociale qui prospéraient  à l'époque. Elle a parrainé la création d’une association féminine appelée «As-Sidq" (honnêteté). Son  patronage d’écoles de filles s’est matérialisée dans les prix qu’elle offrait  pour honorer les étudiantes dans le écoles de "Nour al-Hayat", " l’école grec orthodoxe  "," L'école Trois Lunes "à Beyrouth, et " l’Ecole Sirat d’ Aley."

La renommée du docteur Anas  Barakat  s’est étendu dans tout le monde arabe. L’Université américaine de Beyrouth l'a adoptée comme l'une de ses diplômées. Le Gouvernement libanais l’a honorée par une  médaille d'or. Son exemple fut suivi  par beaucoup de jeunes femmes qui eurent l’envie  d’effectuer des  études de médecine vingt ans plus tard. L’écrivaine, Salma Sayegh, lui a dédié son premier recueil d'essais, An-Nasamat.

 

Edma Abouchdid  (1909-1992), née au Brésil, elle a grandi au Liban et a décidé à l'âge de 15 ans qu'elle voulait devenir médecin. À l'époque, les femmes libanaises devaient simplement choisir de bons maris plutôt que de poursuivre des études supérieures.

En 1924, l'Université américaine de Beyrouth (AUB) a annoncé qu'il serait possible d'admettre les femmes dans son école de médecine. Abouchdid est diplômé de l'école de médecine d'AUB en 1931 où elle fut pendant  de nombreuses  années, la seule étudiante en médecine et la seule  diplômée en médecine.

En 1945, Abouchdid a commencé une formation de troisième cycle dans les États-Unis, acquérant de l'expérience à l'Université Johns Hopkins, à l'Université Duke et à l'Université de Columbia.

Au cours de son séjour aux États-Unis, elle s’est imprégnée des progrès de l'endocrinologie dans le domaine de l'infertilité. En rentrant au Liban, Abouchdid a ouvert une clinique de traitement de la stérilité. Elle est devenue une experte dans le traitement de l'infertilité. Dans les années 1950, elle a été nommée secrétaire nationale libanaise de l'International Fertility Association.

Abouchdid a fondé l'Association de planification familiale du Liban et a été la première présidente. [1] Pour ses contributions à la médecine, Abouchdid a été honoré d'une médaille de chevalerie de l'Ordre équestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem, une distinction qui avait déjà été réservée aux hommes. Elle a pris sa retraite en 1985 et est morte de problèmes cardiaques sept ans plus tard.

 

En  Syrie, Bilad El –Cham

La Syrie au cours de l’ère ottomane incluait la Syrie, le Liban, la Palestine, la Jordanie et des parties de l’Irak et de la Turquie. Une Faculté de Médecine avait été ouverte à Damas en 1903 par un firman du sultan Abdelhamid, et transférée à Beyrouth à l’Université Saint-Joseph après sa fermeture en 1914. Le collège français Saint-Vincent, tenu depuis 1787 par les pères lazaristes de la Congrégation de la Mission, est le plus grand établissement scolaire de Damas. C’était le symbole de la présence française au Levant et principal vecteur de son influence à Damas. En juillet 1923  est signé à Lausanne  le traité qui donne à la France le mandat sur la Syrie et le Liban. C’est ainsi qu’en 1937, on comptait à Beyrouth et Damas 406 écoles françaises qui accueillaient plus de 50.000  élèves.  Néanmoins les 1ères femmes médecins syriennes ont été formées au Woman's Medical College of Pennsylvania aux USA.

Tabat Islambooly  originaire de Damas, a effectué ses études de médecine au Woman's Medical College of Pennsylvania, en 1885, à l’époque où la Syrie était sous occupation ottomane. C’est la première femme médecin arabe. A la fin de ses études, elle retourne à Damas puis se rend au Caire en 1919.Elle décède en 1941.

 

Anandaai Joshee (Inde), Kei Okami (Japon)  Tabat Istamboly  (Syrie) 1885

Anandaai Joshee (Inde), Kei Okami (Japon)  Tabat Istamboly  (Syrie) 1885

 

En Irak, Biled  Ar-Rafidain, (Mésopotamie).

 L’Irak   fera longtemps partie de l’Empire ottoman avant d’être  occupé par le Royaume Uni après la 1ère  guerre mondiale, puis placé sous un régime de Mandat de la Société des Nations. Proclamé en 1921, le Royaume d’Irak obtint son indépendance en 1932.  La  monarchie dure jusqu'en 1958, puis plusieurs gouvernements se succèdent. Le parti Baas permet  la venue au pouvoir de Saddam Hussein en 1979.

Par rapport aux autres pays du Moyen-Orient, les femmes bénéficiaient en Irak d’un meilleur statut et de plus de liberté, sans que la pleine égalité avec les hommes leur soit reconnue. De même, par rapport aux autres femmes du Moyen-Orient, elles ont toujours possédé le niveau d’instruction le plus élevé et ont toujours été les plus nombreuses à exercer une profession. Dès 1920, les femmes se sont organisées pour obtenir plus de droits et avoir accès à un meilleur enseignement, ce qui fit d’elles des pionnières en la matière pour le Moyen-Orient. L’Irak a instauré son système éducatif gratuit en 1921.

 

La première femme ministre dans l’histoire de l’Irak moderne et la première femme ministre d’État dans tout le monde arabe a été Naziha Jawdet Ashgah al-Dulaimi (1923- 2007). Elle  a été un pionnier du mouvement féministe irakien, co-fondatrice  et première présidente de la Ligue des Femmes irakienne en 1952, première femme ministre dans l'histoire moderne de l'Irak, et première femme ministre dans le monde arabe.

Al-Dulaimi  est née en 1923. Elle a étudié la médecine au Royal College of Medicine qui fut par la suite rattaché à l'Université de Bagdad.

À l'âge de 19 ans, elle était l'une des rares étudiantes au Collège Médical. Influencée par des collègues qui étaient profondément préoccupés par le sort du peuple et de la patrie, elle a rejoint la «Société des femmes pour la lutte contre le fascisme et le nazisme» et a participé activement à ses travaux. Plus tard, quand la société a changé de nom  «Association des femmes irakiennes," elle est devenue membre de son comité exécutif. En 1941, elle a obtenu son diplôme de docteur en médecine.

Après ses études, elle a été l'objet de harcèlement par l'appareil de sécurité de la monarchie, en raison de ses convictions politiques et les soins médicaux gratuits qu’elle prodiguait dans sa clinique. Elle sera transférée à Sulaimaniyah au Kurdistan, puis  dans d'autres villes et provinces (Kerbala, Umarah) pour raison disciplinaire.

Après le renversement de la monarchie, elle entre dans le gouvernement du  président Abd al Karim Qasim comme ministre des Municipalités. Elle était la première femme ministre dans l'histoire moderne de l'Irak, et la première femme ministre dans le monde arabe. Elle est morte le 9 octobre 2007  à l'âge de 84 ans, après avoir lutté contre les effets de cet AVC débilitant.

 

En Jordanie, le royaume hachémite

Issu du démembrement de l’Empire Ottoman et prolongement naturel de la Syrie, la Jordanie est d'abord soumise au mandat britannique sur la Palestine, mais fait l'objet d'une administration distincte, dès 1921, sous l'autorité de l'émir Abdallah, descendant par le prophète Mohamed de l'ancienne tribu hedjazienne des Banu Hachim. Le territoire est érigé en Emirat  Hachémite de Transjordanie en 1923 par le Royaume-Uni, puis en Royaume hachémite de Jordanie en 1946. La population palestinienne chassée d'Israël en 1948 et de Cisjordanie en 1967,  constitue  plus de la moitié de la population.

Bien que les taux de scolarisation pour les filles et les garçons soient très élevés et que dans l’enseignement supérieur  les filles  soient plus nombreuses que les garçons, les femmes ne représentent qu’une petite minorité dans le monde du travail. Elles n’ont eu accès à la profession  médicale que durant la seconde moitié du XXème siècle. Les jordaniennes  ont d’abord eu accès à des professions paramédicales connotées comme féminines, telles que sage-femme et infirmière, et plus tard à la profession de médecin. Dans les hôpitaux, la séparation des sexes est très rigide : sauf les médecins, le personnel soignant est féminin dans les services réservés aux femmes, masculin dans ceux réservés aux hommes.

 

En Palestine, la Cisjordanie et la bande de Gaza

 Charnière entre la vallée du Nil et la Mésopotamie, la région de la Palestine est habitée depuis des millénaires et a connu la présence et le brassage de nombreux peuples et la domination de nombreux empires : cananéens, hébreux, assyriens, perses, grecs, romains, byzantins, arabes, ottomans, britanniques.

La population serait d’un peu plus de  12 millions à travers le monde dont 4,6 millions dans les territoires palestiniens. Le système d'éducation montre un taux de scolarisation relativement peu élevé : seuls 49 % des enfants terminent le primaire et 48 %, le secondaire. S’il existe une université en Palestine, nous retrouvons d’avantage d’étudiants et d’étudiantes (que se soit en médecine ou dans les autres matières) dans les  différentes universités des pays du mode arabe (en particulier en Algérie) et du mode occidental essentiellement.

La première femme médecin palestinienne est    Zainab El Mahat  de la ville d’El Qods,  diplômée en médecine  en 1951 de l’université du roi Fouad du Caire.

  

femme médecin palestinienne La plus jeune médecin au monde est une Palestinienne

 

 La jeune Iqbal Mahmoud Al Asaad est par contre la plus jeune médecin du monde arabe et peut être du Monde. Elle  a effectué ses études de graduation au Qatar et sa spécialité de pédiatrie aux Etats Unis. 

Née le 2 février 1993, réfugiée palestinienne au Liban, elle a grandi dans un petit village dans la vallée de la Bekaa  au Liban. En 2006, elle attire l'attention de Cheikha  Mozah, présidente de la fondation du Qatar pour l’Éducation, la Science, et le Développement communautaire, épouse de l’émir du Qatar. En reconnaissance de ses aptitudes exceptionnelles, elle bénéficie d'une Bourse pour aller étudier la médecine à l'université Weill Cornell au Qatar. 7 ans plus tard, à 20 ans, elle termine avec succès ses études de médecine et devient, de fait, le docteur la plus jeune du monde.

Son diplôme en poche, elle souhaite alors rentrer chez elle et ouvrir un cabinet dans son village de la Bekaa. Mais elle ne peut pas réaliser son projet, les Palestiniens n’ayant pas le droit d’exercer les professions d’avocat et de médecin au Liban.  Après un refus des autorités israéliennes de la laisser ouvrir un cabinet dans les territoires occupés, elle part aux Etats Unis grâce à une nouvelle Bourse délivrée par le Qatar afin de suivre une spécialisation en pédiatrie et travailler dans l’hôpital pour enfants de Cleveland en Ohio.

 

En Arabie Saoudite, le royaume wahhabite des Al Saoud 

Si le système éducatif saoudien, à la fondation de l’Arabie Saoudite en 1932  était limité à un petit nombre d'écoles islamiques, en 1957, la fondation de l’université du Roi Saoud  est un point de départ marquant du système d'éducation moderne. C'est la première université de tous les États arabes du golfe. À partir des années 50, le royaume interdit la mixité dans l'éducation.

En 1975, l’université du Roi Saoud  accepte des femmes étudiantes à plein temps et dans un programme spécifique. Bien que seulement environ 16% des femmes travaillent en Arabie Saoudite, près de 50% des médecins et des enseignants sont des femmes. De même, 50% des étudiants des universités sont des femmes.

La plupart des principales universités d'Arabie Saoudite sont composées de deux sections : l'une pour femmes et l'autre pour les hommes. C'est le cas des universités du Roi Saoud, Iman, du Roi Abdelaziz, du Roi Fayçal et celle du Sultan Prince. Il existe également trois universités strictement féminines : Effat University,   Dar Al-Hekma à Jeddah , Princess Nora Bint Abdulrahmane University à Riyad,  fondée en 2009, la plus grande université pour femmes puisque son campus  peut accueillir près de 60 000 étudiantes. Les femmes représentaient moins du 1/3  des étudiants au College of Medicine of King Faiçal University en 2004.

 

Samia Mohammed Abdulrahman Al-AmoudiMaha Almuneef

Maha Al-Muneef - Samia Med Abdulrahman Al-Amoudi

Maha Al-Muneef, a obtenu son diplôme de docteur en médecine et fondé le Programme national pour la sécurité de la famille, la 1ère institution spécifiquement destinée à s’attaquer à la question de la violence conjugale dans le pays.  Elle a reçu un prix des mains du président Barack Obama, faisant d’elle un exemple à suivre pour les femmes de son pays.

Samia Mohammed Abdulrahman Al-Amoudi, médecin spécialisé  en gynéco-obstétrique et sénologie. Elle est titulaire d'un MB du King Abdulaziz University College Hospital of Medicine de Djeddah, où elle a été parmi le 1er  groupe de femmes diplômées du collège de médecine. Elle est aussi la  fondatrice et  la présidente du conseil de Cheikh Mohammed Hussien Al-Amoudi Centre d'excellence dans le traitement du cancer du sein à Jeddah . En Mars 2007, le Département secrétaire américain d'Etat Condoleezza Rice lui a décerné le Premier International Price Women of Courage Award en reconnaissance de sa campagne de sensibilisation au cancer du sein et pour partager sa bataille personnelle contre  le cancer du sein. Elle a été honorée par Susan G. Komen for the Cure en Mars 2008 à Washington DC.

 

Au Yémen

Le Yémen figure parmi les pays les plus pauvres du monde. Lourdement endetté et sous-développé, son économie dépend fortement de l'aide internationale.

L'éducation des garçons dure plus longtemps que celle des filles et l'analphabétisme des femmes est très élevé. Selon Human Rights Watch : discrimination et violence envers les femmes  abolition de l'âge minimum du mariage pour les femmes, fixé à 15 ans.  La médiatisation du cas de Noujoud Ali, fillette de 10 ans divorcée, a introduit la question du mariage des enfants non seulement au Yémen, mais à travers le monde. Il existe probablement des femmes yéménites médecins mais la situation dans laquelle se trouve le pays est telle que la seule femme médecin au Yémen dont le nom est venu jusqu’à nous est celui de  Claudie Fayen,  1ère femme médecin au Yémen, française arabisante.

 

Claudie Fayen

Claudie Fayen

 

Le Koweït

Les filles sont majoritaires dans l’enseignement primaire et secondaire. Au niveau de l’enseignement supérieur,  on compte autant d’hommes  que de femmes. Les garçons sont néanmoins plus nombreux que les filles  à poursuivre leurs études dans les universités à l’étranger. (USA, GB, Egypte, Liban.).  Le corps médical d’origine étrangère est prédominant représentant 60 % de l’effectif dans le secteur public  et 85% dans le secteur privé.

Eleonor Calverley est la 1ère femme médecin au  Koweït en 1912. Elle a obtenu son doctorat en médecine en 1908 du Women’s Medical College de Philadelphie. Après son mariage avec le Dr. Edwin E. Calverley, missionnaire de l’église reformée d’Amérique, le couple se rend d’abord à Bahreïn puis à Bassorah et Amarah en Irak puis au Koweit où ils séjournèrent pendant  31 ans.  Ayant appris l’arabe elle fut appelée Halima Khatun.

 

 خاتون حليمه اول طبيبه بالكويت 

Eleonor Calverley  

 

هي الدكتورة اليانور كالفرلي أول طبيبة بالكويت حيث بدأ العمل بالطب النسائي فى الكويت مع قدومها و ذلك في العام 1912 و الدكتورة اليانور أميركية الجنسية، وسميت فيما بعد 'خاتون حليمة' حيث مارست عملها الطبي فى المستشفى الأمريكاني، وكانت تقوم بزيارات طبية للمنازل في حالة طلب اسرة المريضة ونجحت في اجراء بعض العمليات الجراحية وحالات الولادة المتعسرة، مما اكسبها شهرة وقبولا لدى النساء.

و انجبت خاتون حليمة ثلاث بنات و هم اليزابيث و جريس و اليانور الصغيرة و قد اطلقت عليهم اسماء عربية كويتية خلال فترة اقامتهم في الكويت و هي على التوالي قماشة و نعيمة و نورة . اقامت اسرة خاتون حليمة في الكويت ما يقارب العشرين سنة من 1912 الى 1932.

 

Les Emirats Arabes Unis

Les Émirats arabes unis sont  un état fédéral, créé en 1971, composé de sept émirats. Abou Dhabi est l’émirat le plus grand. Avec 90 % de résidents étrangers, c’est  l’un des pays au mode avec le plus grand nombre d’expatriés, essentiellement à Abu Dhabi et à Dubaï.

Le système d'enseignement émirien est gratuit et universel pour tous, de la maternelle à l'université. Il est financé par l'État. Les cours sont donnés en arabe, et en anglais. Les plus importantes universités sont l'Université d'Abou Dabi, l'Université Zayed, Le Collège de médecine du Golfe et les Higher Colleges of Technology. Les femmes constituent plus de 70 % des étudiants de l'éducation supérieure, encouragées de surcroît par les efforts des autorités. Les établissements privés sont nombreux mais la  plupart des étudiants fréquentant ces universités sont des étrangers.

Et si trois quart des étudiants sont des femmes, cela s'explique par l'augmentation significative du nombre d'universités dans la région. Désormais les familles qui refusaient d'envoyer leurs filles à l'étranger, peuvent trouver la réponse dans de nombreuses universités présentes, locales et étrangères, comme la Sorbonne et de nombreuses universités américaines également. En fait, les universités sont devenues au cœur d'un processus que les autorités tentent de mettre en place: doter le pays d'une élite. La population locale étant numériquement faible, il faut donc faire davantage de place aux femmes.

 

Ayesha Al Memari

Ayesha Al Memari

 

Ayesha Al Memari. Après avoir obtenu son diplôme de l'Arabian Gulf University à Bahreïn, le Dr Ayesha s'est spécialisée en médecine d'urgence et soins intensifs de l'Université McGill au Canada. Détentrice  d’une maitrise  internationale du don de tissus et d'organes de l'Université de Barcelone. 1ère femme médecine Emirati à se spécialiser en  médecine d'urgence. Volontaire pour aller au Yémen ravagé par la guerre, où elle a traité les soldats, devenant la 1ère femme médecin d'Emirati à travailler dans une zone de conflit.

Actuellement, directrice du programme de médecine d'urgence à l'hôpital Mafraq. Elle a par ailleurs lancé un concept  appelé ‘’ EMA Mini Medical School’’  pour aider les gens à gérer les urgences médicales, « cours  en médecine d’urgence, médecine générale, pédiatrie, psychiatrie, et soins intensifs.   Jusqu'à ce jour, le cours gratuit de 4 semaines a formé plus de 500 personnes aux Émirats arabes unis.

 

Bahreïn

C’est un des pays arabes qui possède le plus haut taux d’alphabétisation (84%). L’école est gratuite et obligatoire pour les enfants des deux sexes de 3 à 15 ans. Tout est gratuit, des fournitures aux uniformes, en passant par repas et transport. Ce n’est qu’en 1968 que le 1er  établissement d’enseignement supérieur  ouvrit ses portes.

Les étudiants des deux sexes sont mélangés sans discrimination. La faculté de médecine a été créée en partenariat avec le Royal College of Surgeons of Ireland en 2004. Depuis octobre 2008, 34 nationalités sont représentées au niveau des étudiants. 60% des médecins et des dentistes et 88 % des infirmières sont  des femmes.

La 1ère femme médecin  est  Sadeeqa Ali Al-Awadi et la 1ère femme ministre de la santé est le  Dr. Nada Abbas Hafadh  

Nada Haffadh

Nada Haffadh

 Le Qatar

C’est le 1er pays des états arabes du golfe à donner aux femmes le droit de vote. L'enseignement est gratuit et obligatoire à la fois pour les enfants qataries et pour ceux des travailleurs immigrés, à partir de la garderie jusqu'à la fin du collège. Les services de soins de santé gratuits pour tous les citoyens. Le pays a une université, Des universités américaines réputées ont ouvert des campus telles que : Université Carnegie, Université Georgetown, Université Texas A&M, Université de Virginie, Université College London, HEC Paris.           

Le Weill Cornell Medical College, fondée en 2001, (fait partie de Weill Cornell Medical College à New York) est l’établissement qui forme principalement à la médecine. A partir de 25 étudiants de 1ère année  en  2002, elle est passée  à plus de 265 étudiants de plus de 30 pays en 2012. C’est Cheikha Mozah Bint Nasser Al Missned, épouse de l’ancien émir Hamad bin Khalifa  Al Thani qui préside le conseil suprême de l’éducation.

 

Étudiants en médecine qataris lauréats de bourse aux USA en  2016

Étudiants en médecine qataris lauréats de bourse aux USA en  2016

L’Iran, royaume des aryens, héritier de l’empire perse

L’Iran possède l’une des civilisations les plus anciennes du monde. La médecine  a connu une révolution à partir du 19ème siècle en raison du développement de ses relations avec les pays européens. Cette modernisation étant  le produit d’une volonté politique: Mirzâ Taghi Khân Amir Kabir, chancelier de Nâssereddin Shâh Qâdjâr, est  le principal réformateur impliqué  dans cette modernisation. La création du Dâr-El-Fonoun. En 1852, le premier hôpital public moderne à Téhéran, « l’Hôpital Marizkhâneh-ye-Dowlati », fut ouvert. En 1858, le premier groupe d’étudiants composé de 42 iraniens fut envoyé en France. 5 d’entre eux feront médecine. En 1934, les fondements de la 1ère université moderne : l’Université de Téhéran. Après l'université de Téhéran, d'autres établissements voient le jour dans le pays,  sur le modèle américain: l'Université de Shiraz  prend pour modèle l'Université de Pennsylvanie, l'Université  Sharif de Technologie  sur le MIT du Massachusetts. La révolution iranienne de 1979 met fin à la collaboration avec les USA.

Les étudiantes sont majoritaires dans les amphis, et bénéficient  de droits plus étendus que dans  la plupart des états du Moyen-Orient.

Badri Teymourtash 

Badri Teymourtash

Variza Varokhoro 

Variza Varokhoro

Badri Teymourtash (1911-1989) est la 1ère femme dentiste iranienne. Née dans une famille iranienne influente, la sœur de la 2ème  plus puissante personnalité politique de l'Iran au cours de la dynastie Pahlavi, Abdolhossein  Teymourtāsh. Elle a été envoyée à la Belgique à la fin des années 1920 et s’est inscrite à l'école dentaire. La disgrâce de son frère  Abdolhossein Teymourtash  en 1932 l’oblige à retourner en Iran où, avec la femme et les enfants de Teymourtash,  elle endure huit ans de résidence surveillée et d’exil de la famille dans le Khorasan. Après l'abdication de Reza Shah en 1941 et en vertu de l'amnistie générale, Badri Teymourtash put s’installer à  Mashad où elle ouvrira un cabinet. Dans les années 1960, elle aide à la fondation de l'école de médecine dentaire de l'Université Mashad. La bibliothèque à l'école de médecine dentaire de l'Université Mashad est rebaptisée en son honneur.

 

Variza Varokhoro était médecin, puis professeur de biologie à l'Université, puis la première femme  membre du parlement iranien. Ensuite, elle sera la première femme ministre dans l'histoire de l'Iran en devenant  ministre de l'éducation sous le règne du Shah.  Durant son mandat, elle a défendu la cause des femmes iraniennes qui avaient obtenue le droit de vote durant le règne du Shah Pahlavi. De même l’enseignement était particulièrement côté.

Pour s’être opposée dans les années soixante dix à l’ayatollah Khomeiny qui voulait utiliser le budget de l’éducation nationale pour l’ouverture d’écoles religieuses  , elle fut condamnée à mort  et fusillée le 8 mai 1980 . Le motif officiel passible de cette sentence était son opposition  à  Dieu !

 

Pakistan

C’est le 6ème pays le plus peuplé du monde, avec la 2ème plus nombreuse majorité musulmane après l’Indonésie. La condition des femmes au Pakistan varie considérablement selon les classes, les régions, et la division ville/campagne due à un développement socio-économique inégal et l'impact des structures sociales tribales, féodales ou capitalistes sur la vie des femmes. 

Dans les écoles de médecine, les femmes dépassent leurs homologues masculins. L'organisme gouvernemental qui réglemente la profession médicale, affirme que plus de 70%  des étudiants en médecine sont des femmes. Mais seulement  23 % des praticiens sont des femmes.

Le  diplôme de médecine est un atout extrêmement valorisant  sur le marché du mariage: beaucoup de mères cherchent  des épouses médecins pour leurs fils. Les étudiantes en médecine doivent  choisir entre être des médecins praticiens  ou des épouses

 

Fatima Jinnah

Fatima Jinnah

Fatima Jinnah (1893- 1967)  était une Pakistanaise chirurgien-dentiste,  femme d'Etat et l'une des principaux fondateurs du Pakistan.

Après avoir obtenu un diplôme en médecine dentaire de l'Université de Calcutta, elle est devenue un proche collaborateur et conseiller de son frère aîné Muhammad Ali Jinnah qui devint plus tard le premier gouverneur général du Pakistan.

Après l'indépendance du Pakistan, Jinnah a co-fondé l'Association des femmes du Pakistan, qui a joué de manière significative un rôle essentiel dans l'établissement des migrants dans le pays nouvellement formé. Après avoir combattu une longue maladie, Jinnah est morte à Karachi, le 9 Juillet 1967. Elle reste l'un des leaders les plus honorés au Pakistan. Son héritage est associé à son soutien pour les droits civils, son combat dans le Mouvement du Pakistan et de son dévouement à son frère. Dénommée Mäder-e Millat   «Mère de la Nation"  et  Khatun-e Pākistān « Lady du Pakistan». De nombreuses institutions et les espaces publics ont été nommés en son honneur.

 

L’Afghanistan,   « pays des Cavaliers »

L’Afghanistan a une histoire mouvementée: À travers les âges, il  a été occupé par l’Empire perse, Alexandre le Grand, Gengis Khan et les turcs. Il devient un état souverain en 1747. Avant la prise de Kaboul par les Talibans, en 1996, 60 % des étudiants de l'université de Kaboul étaient des filles et  70 % des étaient des femmes. Avec l’arrivée des Talibans en 1996, les écoles ont toutes été fermées. L'éducation pour les femmes fut interdite. Si en 1995, 68 % de la population était analphabète, en 2002, c'est plus de 80 % de la population. Chez les femmes, ce taux augmente à 90 %.

L’instabilité politique et l’insécurité explique que les indicateurs de santé soient désastreux: En 2002, seul 9% de la population est couverte par les services de la santé. Les femmes, en particulier, ont un accès très limité aux services de santé maternelle du fait de contraintes culturelles, traditionnelles, et par manque de personnel féminin qualifié.

 

Sima Samar

Sima Samar

  Sima Samar, prix Nobel alternatif en 2012, est connu sous le nom de «médecin des pauvres», en tant que femme qui a consacré sa vie à éduquer ceux qui sont en marge de la société et à promouvoir l'égalité des femmes et les droits de l'homme universels. Elle a obtenu son diplôme en médecine à l'Université de Kaboul au début des années 1980, mais a dû fuir le Pakistan voisin après l'invasion soviétique de l'Afghanistan. Son mari avait été kidnappé peu de temps avant et n'a jamais été vu depuis.

Samar a passé 17 ans en exil au Pakistan, où, pendant longtemps, elle a travaillé comme médecin dans un camp de réfugiés afghan. Dans la ville frontalière pakistanaise de Quetta, elle a mis en place la 1ère clinique pour les femmes et les enfants afghans en 1987. 2 ans plus tard, elle a fondé l'organisation Shuhada, qui exploite maintenant plus d'une centaine d'écoles et 15 hôpitaux et cliniques ambulatoires des deux côtés  de la frontière. Elle est retournée en Afghanistan et est devenue la ministre des affaires féminines dans le gouvernement de transition. En 2002, cependant, elle a démissionné et a plutôt assumé la présidence de la Commission indépendante des droits de l'homme (AIHRC) de l'Afghanistan.

 

Au Bangladesh, le pays du Bengale

C’est l'un des pays les plus densément peuplés du monde. Les problèmes de santé abondent, allant de la contamination de l'eau et les maladies telles que le paludisme, la leptospirose et la dengue. 50 % des hommes savent lire, contre 31 % des femmes. 

Les universités publiques  n’offrent que 25 000 places .Seuls la moitié des  350 000 Bangladais obtenant chaque année un diplôme de fins d’études secondaires, accèdent à l’Université.  Les  étudiantes sont plus  nombreuses (60%)  que les étudiants dans les facultés de médecine du gouvernement.  En 2011, le Bengladesh avait  1996 femmes médecins pour  1674 médecins de sexe masculin.

 

Zohra Begum KaziZohra Begum Kazi

Zohra Begum Kazi

Taslima NasreenTaslima Nasreen

Taslima Nasreen

 

Zohra Begum Kazi  (1912-2007) est la 1ère femme musulmane bengalie médecin du sous-continent indien.Elle obtient son  diplôme en 1935 du ‘’ de la Delhi Harding Medical College’’ pour les femmes’’. Elle a obtenu une bourse d’études pour une spécialité de gynécologie-obstétrique  à Londres. 

 À son retour au Bengale oriental, elle rejoint le Dhaka Medical College et l’hôpital en tant que professeur et chef du Département d'obstétrique et de gynécologie.  Plus tard, elle a travaillé dans différents hôpitaux de l'Inde britannique jusqu'à sa migration vers le Pakistan oriental en 1947.

N’ayant pas eu d’enfants, elle adopte  et instruit de nombreux enfants issus de familles pauvres à travers le Bangladesh. Elle pouvait lire écrire et parler couramment le bengali en plus de l'hindi, l'ourdou et l'arabe.  Son pays lui a décerné à titre posthume le Ekushey Padak en Février 2008 pour son travail social notable.

 

Taslima Nasreen suit les traces de son père médecin et fait des études de médecine spécialisée en gynécologie. Diplômée en 1984, elle exerce dans une clinique de planning familial à Mymensingh, puis à Dhaka  à partir de 1990. Elle publie son premier recueil de poèmes en 1986. Son second recueil, « Banni à l'intérieur et extérieur » connaît un grand succès. Elle réussit à attirer un plus large public avec ses éditoriaux vers la fin des années 1980, puis avec les romans qu'elle commence à écrire au milieu des années 1990.

Le 27 septembre 1993, une fatwa est prononcée contre elle par des fondamentalistes musulmans. Sa tête est mise à prix pour avoir critiqué l'islam au Bangladesh.

Elle s'enfuit de son pays en 1994 à la suite de la parution de son livre Lajja, dénonçant l'oppression musulmane sur une famille hindoue. Elle passe les 10 années suivantes dans diverses villes d'Europe et enfin à New York.  Elle a tenté d'obtenir la nationalité indienne, qui lui a été refusée.   À la suite d'une conférence en Inde en 2007, une prime est offerte par un groupe islamiste pour sa décapitation.

 

L’Indonésie

 4ème pays le plus peuplé du monde, 1er pays à majorité musulmane pour le nombre de croyants, 3e démocratie en nombre d'habitants. L'accès aux soins est gratuit dans les structures de santé publique.  L’Université islamique d’État Syarif Hidayatullah, située à Jakarta, est l’un des principaux centres d’enseignement supérieur. Une nouvelle faculté de médecine et de sciences de la santé a également vu le jour. Les 1èrs diplômés ont effectué leur 1ère année d’internat en 2010: « Le major de promotion était une étudiante».

 

Djuwita Nila F. MoeloekDjuwita Nila F. Moeloek

Djuwita Nila F. Moeloek

 

Djuwita Nila F. Moeloek est née à Jakarta en 1949, elle a terminé ses études de graduation à la Faculté de médecine d'Indonésie puis s’est spécialisée en ophtalmologie à Amsterdam et à Kobé au Japon.  Professeur d’ophtalmologie  à la faculté de Médecine de l’université d’Indonésie. Présidente de l'Association des ophtalmologistes et de la Fondation indonésienne de Lutte contre le Cancer de 2011 à 2016. Elle a été ministre de la santé de 2009 à 2014. Envoyé spécial du Président de la République d'Indonésie pour les Objectifs du Millénaire pour le développement.

 

En Malaisie

Pays d'Asie du Sud-Est, la  religion d’État est l’Islam du courant sunnite. L'Académie de médecine a été fondée en août 1957. Actuellement  24 écoles de médecine forment en série des diplômés alors qu'il y a également beaucoup d'autres étudiants malaisiens dans des écoles de médecine étrangères qui rentreront au pays. Le pays serait confronté à une  surpopulation de médecins.

En 2010, Inquiet de voir chaque année entre 3 500 et 5 000 nouveaux médecins arriver sur le marché, le gouvernement malaisien a décidé d’imposer un moratoire de cinq ans sur tout nouveau programme d’enseignement médical. A ce jour, 27 709 médecins sont en exercice, dont 3 651 internes, pour 27 millions d’habitants.

En réduisant le nombre de médecins, le gouvernement espère aussi améliorer la qualité des soins en déclin ces dernières années.

 

Allahyarham Tan Sri Dr Salma Ismail.

Tan Sri Salma Ismail

Tan Sri Salma Ismail  est devenue en 1949, la 1ère femme malaise de confession musulmane, diplômée en médecine. Née à Alor Setar, elle avait servi comme médecin à Kedah et Selangor dans les années 1950 et 1960.  En 1997 lui a été conféré  le prix Panglima Setia Mahkota en 1997.

 Mère de 3 enfants, dont un fils ainé également médecin, elle est décédée à l’âge de 95 ans.   Son fils aîné, Tan Sri Dr Ridzwan Abu Bakar,  dira : «En tant que femme et  médecin, elle a vécu avec  le principe, « avoir confiance en soi-même, être honnête, ne pas dire du mal des  autres et donner de l'aide à ceux qui en ont besoin ".

 

Conclusion

Ce tour d’horizon est loin d’être exhaustif, puisque nous avons occulté plusieurs pays d’Afrique et d’Asie. Il n’en demeure pas moins de noter que la  présence des femmes a été effective pratiquement tout le long des différentes étapes de l’histoire de la médecine arabo-musulmane.

La seconde moitié du 19e siècle est néanmoins, une période clef pour l’éducation des femmes. Nombreuses sont celles qui ont apporté leur contribution à cette lente émancipation. Entre arguments misogynes et peur de la concurrence, nous  avons tenté de vous rapporter  l’histoire de quelques unes des premières femmes en médecine dans les pays musulmans. Leur nombre, leur importance par rapport à leurs homologues masculins n’a cessé de croitre. Cet état de fait revêt une haute signification de tolérance et d’ouverture, malgré les aléas  et l’apparition de pensée prêchant la fermeture et l’exclusion dans certains pays du monde arabo-musulman. La balle est dans le camp des nouvelles générations de femmes médecins qui se doivent d’être les dignes héritières de leurs prédécesseurs.


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