Péricardite post-opératoire : Moins d’AINS mais plus de surveillance
Conduite par Philippe Meurin et réalisée grâce au soutien de la Société Française de Cardiologie, l'étude POPE a été présentée à l'une des quatre sessions de late breaking clinical trials de cet AHA 2009. Elle répond de façon très claire à une question concrète en démontrant qu'il n'y a pas de bénéfice à utiliser un anti-inflammatoire non-stéroïdien dans les péricardites post-chirurgie cardiaque.
Les péricardites post-chirurgie cardiaque représentent une situation clinique fréquente, asymptomatique, dont la tamponnade est une complication redoutable. Les anti-inflammatoires non-stéroïdiens (AINS) sont largement prescrits chez les malades présentant un épanchement péricardique sans qu'aucune étude n'ait fait la preuve de leur efficacité, alors que leur toxicité potentielle est élevée chez les malades cardiaques.
L'étude POPE avait donc pour objectif très concret d'évaluer l'impact d'un AINS, le diclofenac, dans ce contexte. Plus de 5000 malades ont été évalués dans cinq centres français de réhabilitation cardiaque post-opératoire. Parmi ceux-ci, 196 ont été identifiés à l'échographie comme à risque élevé de tamponnade et randomisés pour recevoir soit du diclofénac 50 mg deux fois par jour soit un placebo pendant 14 jours.
Le critère principal de l'étude était l'évolution du grade d'épanchement péricardique un mois après l'intervention. Sur ce critère, les résultats sont clairs : il n'y aucune différence entre le groupe traité par AINS et celui ayant reçu le placebo.
De la même façon, il n'y a pas eu d'impact de l'AINS sur le taux de tamponnade tardive avec un taux de 11,2 % dans le groupe diclofénac contre 9,2 % dans le groupe placebo.
Pour Philippe Meurin, « cette étude démontre sans ambiguïté que la prescription d'un AINS n'a pas d'impact sur l'évolution et le devenir des épanchements péricardiques post-opératoires. Elle rappelle aussi l'importance de la surveillance étroite de ces patients. Ces péricardites sont fréquentes et potentiellement graves puisque près de 10 % des patients présentant une péricardite échographique à risque ont nécessité un drainage péricardique dans les deux semaines suivantes ».