Un test multimarqueurs pour le dépistage du cancer de l’ovaire
Le cancer de l’ovaire est la 4ème cause de décès par cancer chez les femmes aussi bien en Europe qu’aux Etats-Unis et plus de 70% des patients (pts) atteintes sont diagnostiquées à des stades avancés dont les taux de survie à 5 ans sont de moins de 30%. A l’opposé, les quelques 25% de pts chez qui la maladie est diagnostiquée au stade I ont des taux de survie de plus de 90% déclinant à seulement 70% pour les stades II. Il apparaît évident dès lors, qu’une stratégie de dépistage du cancer de l’ovaire pourrait améliorer ces taux de survie peu glorieux.
L’article que nous rapportons de Yurkovetsky et al. (1) concerne la mise en place d’un test multi marqueurs destiné au diagnostic précoce de cancer de l’ovaire. A partir de sérum de pts saines ou bien présentant un cancer de l’ovaire, des tumeurs bénignes du pelvis ou bien des cancers du sein, colorectaux et du poumon, 96 biomarqueurs sériques ont été analysés en utilisant une technique d’immunoassays avec évaluation d’algorithme décisionnel par simulation Monte Carlo.
Le sérum de 139 pts avec stade précoce de cancer de l’ovaire, de 149 pts avec stade avancé et 1 102 pts saines, constituait le groupe d’apprentissage de l’algorithme et une validation croisée était réalisée afin d’identifier un panel optimal de biomarqueurs capable de distinguer les cancers de stade précoce des pts saines. Le panel de quatre biomarqueurs qui a fourni la meilleure puissance diagnostique avec une sensibilité de 86% pour la détection des stades précoces et de 93% pour les stades avancés pour une spécificité fixée à 98% comportait le CA-125, HE4, ACE et VCAM-1. Ce panel de biomarqueurs a été ensuite appliqué dans un groupe de validation composé de sérums provenant de 44 pts avec stade précoce et 124 pts avec stade avancé de cancer de l’ovaire et 929 pts saines permettant d’obtenir une sensibilité de 86% pour les stades I et II et de 95% pour les stades III et IV toujours pour une spécificité de 98%. Ce panel de 4 biomarqueurs était relativement sélectif pour les cancers de l’ovaire montrant une sensibilité de 33% pour les lésions pelviennes bénignes, de 6% pour les cancers du sein, de 0% pour les cancers colorectaux et de 36% pour les cancers du poumon.
Ce panel de 4 biomarqueurs (CA-125, HE4, ACE et VCAM-1) pourrait une fois validé de façon prospective et multicentrique s’avérer très utile dans une stratégie de dépistage de cancer relativement peu fréquent et de mauvais pronostic et ce, surtout dans l’état actuel ou aucune technique n’est retenue ni recommandée pour ce dépistage.
Le CA-125 seul par exemple n’a qu’une sensibilité de 50 à 60% pour le diagnostic de stade précoce de cancer de l’ovaire chez les femmes après la ménopause quand la spécificité était fixée à 99%. De même que les différentes modalités d’imagerie conventionnelle comme l’échographie transvaginale, la TDM, l’IRM ou le doppler n’offre qu’une sensibilité inférieure à 90% pour le diagnostic de stade précoce pour un coût relativement élevé et un taux de faux positifs trop élevé pour permettre leur utilisation en dépistage annuel.
Certes, ce panel de biomarqueurs possède tout de même une certaine sensibilité pour les cancers du sein et du poumon mais une stratégie comportant, en deuxième intention, une mammographie et une TDM pulmonaire pourrait palier à cet inconvénient.
Ces résultats sont tout de même encourageants et pourraient modifier l’histoire naturelle de cette maladie surtout en cas de validation par les essais prospectifs multicentrique en cours.
1. Yurkovetsky Z, Skates S, Lomakin A et al. Development of a multimarker assay for early detection of ovarian cancer. J Clin Oncol 2010 28:2159-2166